Au Brésil, l’Amazonie enflamme avec elle les relations diplomatiques internationales

Les incendies qui font rage dans diverses régions de l’Amazonie ont mis le Brésil sous une intense pression internationale. Jair Bolsonaro est plus que jamais critiqué par plusieurs ONG internationales, par la majorité de son peuple, mais aussi par le président français.

Photo : Victor Moriyama – Greenpeace

Le 27 août, le Pérou et la Colombie ont proposé un sommet régional pour répondre aux enjeux des feux qui surviennent en Amazonie. Jair Bolsonaro a d’abord affirmé son intention de venir au sommet se déroulant le vendredi 6 septembre. Cependant, le lundi 2 septembre, le président brésilien a annoncé l’annulation de sa participation au sommet pour des raisons médicales. «Le président doit suivre un régime à base de liquide à partir de vendredi, deux jours avant de subir une intervention chirurgicale à l’abdomen, ce qui rend son voyage pratiquement irréalisable», a déclaré le porte-parole de Bolsonaro, Otavio Rego Barros.

Cependant, Bolsonaro a tout de même confirmé que cette opération ne l’empêcherait pas de se rendre à l’Assemblée générale de l’ONU le 24 septembre. Durant cette visite à New York, le président brésilien espère pouvoir défendre la position du Brésil sur l’Amazonie. «Je vais me présenter devant l’ONU même si ce doit être en fauteuil roulant ou sur un brancard, je vais y aller parce que je veux parler de l’Amazonie», a déclaré Bolsonaro à Brasilia.

Alors que les flammes continuent de brûler la faune et la flore amazonienne, Amnesty International se positionne contre les mesures actuelles du gouvernement brésilien. L’ONG a souligné que «Les autorités brésiliennes doivent mener des enquêtes afin de poursuivre en justice les responsables qui ont déclenché les incendies illégaux.» Le gouvernement devra aussi prendre des mesures pour empêcher que la forêt amazonienne ne subisse d’autres destructions. Amnesty International a aussi lancé une pétition pour que Jair Bolsonaro «renforce la protection des territoires indigènes et des réserves environnementales». L’ONG craint que, sans poursuite, «la situation […] inévitablement empir[e] jusqu’à la fin du mandat» de Bolsonaro.

Les incendies ont aussi provoqué une crise diplomatique avec la France. Emmanuel Macron a déclaré que «La question de la souveraineté de la plus grande forêt tropicale du monde était ouverte, car elle est essentielle dans la régulation climatique de la planète tout entière.»

Le président brésilien face aux attaques nationales

Lors des incendies, les populations indigènes du Brésil ont directement été touchées. Plus de 148 terres d’indigènes ont largement été endommagées par les flammes. Les représentants de plusieurs tribus estiment que «Les incendies ont été encouragés par le discours anti-indigène de Jair Bolsonaro.» Selon eux, l’armée de Rio de Janeiro aurait mis du temps à intervenir sur les lieux face au danger imminent. 

Par ailleurs, le gouvernement de Bolsonaro a réduit les budgets pour la protection de la forêt Amazonienne. Le peuple amérindien se retrouve d’autant plus seul face aux feux d’envergures colossales. «Parmi les 850 000 Amérindiens du Brésil, beaucoup ont compris qu’avec la forêt, c’est leur patrimoine et leur mode de vie ancestral qui partent en fumée.»

Quant au reste de la population du Brésil, celle-ci va aussi majoritairement à l’encontre de la voix du président. Fin août, le taux d’approbation populaire du président brésilien se situait à 29%, alors que Bolsonaro a été élu il y a moins d’un an, le 28 octobre 2018, avec 55% des voix. Le pays le plus peuplé de l’Amérique latine se plonge donc dans une crise démocratique nationale et internationale lourde de conséquences sur des aspects économiques, sociaux et climatiques. 

Eulalie PERNELET
D’après les dépêches