Le périple européen du cacique Raoni Metuktire pour défendre l’Amazonie

Le chef indigène du Brésil Raoni Metuktire continue son voyage à travers l’Europe en rassemblant des fonds pour sensibiliser sur la question environnementale à l’échelle planétaire et défendre l’Amazonie.

Photo : Vatican News

Raoni Metutkire, qui a défendu l’Amazonie brésilienne pendant des décennies, fait son deuxième tour en Europe afin d’alerter sur la déforestation de l’Amazonie. Celle-ci s’est beaucoup aggravée depuis les premiers mois de l’année 2019 et le mandat du nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro,puisqu’il considère l’activisme environnemental comme du terrorisme. C’était en 1989 que le chef indigène était venu en Europe pour un entretien avec François Mitterrand, ancien président de la République françaiseà l’Élysée, en présence du chanteur de Sting. C’est ainsi que Raoni Metutkire est devenu célèbre et a commencé son combat contre la déforestation en Amazonie. Son but était similaire à celui qu’il poursuit aujourd’hui : promouvoir la construction d’un institut Raoni pour le développement des tribus indiennes dans une réserve protégée.

C’était ensuite en 2000 qu’il a rencontré Jacques Chirac, ancien président, à l’occasion de la sortie de ses mémoires «Mémoires d’un chef indien». En 2009, il a rencontré Nicolas Sarkozy à l’ambassade française et en 2012, François Hollande avec qui il a échangé quelques mots. Cette fois-ci, c’est Emmanuel Macron qu’il a rencontré à l’Élysée le jeudi 16 mai à Paris, dont il reçoit le soutien pour poursuivre son combat. Ils ont parlé pendant 45 minutes avec trois autres chefs amazoniens : Kaïlu,Tapy Yawalapitiet Bemoro Metuktire ; et la rencontre s’est terminée par un triomphant lever de bras sur le perron de l’Élysée.

Emmanuel Macron a aussi affirmé son soutien pour la biodiversité et la présidence du G7, ainsi que pour les droits des communautés autochtones : «La France est naturellement engagée dans la lutte contre la déforestation» et «défend les droits des autochtones, notamment en tant qu’acteurs essentiels de la préservation des forêts, de la biodiversité et par conséquent engagés dans la lutte contre les dérèglements climatiques».

Suivant les pas de Raoni, il a fait escale vendredi 17 mai à Bruxelles où il a rencontré le prince Charles-Philippe d’Orléans qui lutte contre le réchauffement climatique et défend les sujets environnementaux. Raoni a d’ailleurs participé à une marche pour le climat ce même jour, organisée par Youth for Climate. Il a expliqué aux jeunes la raison de sa présence en Belgique «Je suis venu ici parce que je suis très préoccupé par la destruction de la forêt, des arbres et des animaux. Je viens ici vous demander votre aide pour la protection de la forêt».

Il y a avait des jeunes qui ne le connaissaient pas, mais ont été touchés par ses paroles et les actions qu’il mène. Il est donc devenu une source d’inspiration pour nombre de militants pour le climat : «Raoni s’est battu toute sa vie pour le climat. Nous venons de commencer cette bataille il y a quelques semaines. Raoni est un modèle pour nous tous» s’est écrié Anuna De Weber, l’une des militantes pour le climat.

Le dimanche 19 mai, le cacique est allé à Malmedy, une ville dans la Région wallonne en Belgique pour la présentation de son ouvrage «Raoni, mon dernier voyage» écrit par lui-même et Jean-Pierre Dutilleux, réalisateur et écrivain originaire de Malmedy. La première fois qu’il était venu à Malmedy, c’était en 1989 avec le chanteur de Sting ; il y était revenu une deuxième fois en 2010. Dans son ouvrage, il souligne diverses problématiques, dont celle des rivières polluées par les pesticides et le mercure, provoquant des cancers d’estomac et du foie chez les Indiens qui boivent cette eau. Depuis l’arrivée de Bolsonaro, 200 produits toxiques ont été autorisés pour accélérer la pousse du maïs et du soja transgéniques, entre autres. Ce livre raconte aussi la vie de Raoni, l’un des chefs les plus connus de l’Amazonie, et explique comment il vivait avant son premier contact avec «le monde extérieur», comment il est devenu chef et une icône mondiale de l’environnement.

Ce lundi 20 mai, le cacique a rencontré le Premier ministre du Luxembourg Xaviel Bettel avec Pierre Gramegna, le ministre des Finances pour discuter des fonds dédiés à l’amélioration du marquage de la frontière de la réserve de Xingu. 100 000 euros seront ainsi attribués à des fins de réhabilitation ; une réserve de biodiversité d’environ 180 000 km2, ce qui équivaut au tiers de la France. Raoni souhaite financer des murs végétaux à base de bambou pour délimiter la réserve, laquelle a constamment subi des intrusions de braconniers, de chercheurs d’or et de trafiquants de bois. Bettel en a aussi profité pour affirmer que le gouvernement est engagé à soutenir l’action climatique dans les pays en voie de développement. Le Luxembourg a une place importante dans le marché  d’obligations vertes grâce à sa Bourse qui dispose de la première plateforme dédiée aux valeurs durables, écologiques et sociales,le Luxembourg Green Exchange (LGX).

Le lundi 27 mai, Raoni estpassé à Lyon pour recevoir la médaille d’honneur de la Ville à l’Hôtel de Ville en présence de Gérard Collomb, maire de Lyon, pour saluer son courage dans le combat pour l’écologie qu’il mène depuis des années. Il a continué ensuite son périple dans différentes villes d’Europe : en Suisse, Monaco, et au Vatican en Italie où il a rencontre le pape François.

Andrea RICO