La crise continue au Nicaragua, le danger pour les opposants reste omniprésent

La crise du Nicaragua continue et le gouvernement d’Ortega est toujours aussi répressif. Depuis avril 2018, la répression a fait 325 morts, et environ 62.000 Nicaraguayens se sont exilés. Jeudi 16 mai, l’un des opposants détenus, Eddy Montes, est décédé suite à un accident.  

Photo : Reuters Oswaldo Rivas

Suite à cette crise qui perdure, le gouvernement s’est engagé à libérer les prisonniers politiques, à restaurer les libertés publiques et à permettre aux exilés de revenir dans leur pays. Mais malgré ces engagements, aucun accord n’est respecté, la crise continue de s’accentuer, ce qui laisse le pays dans une impasse sociopolitique. Socialement, la précarité de la vie quotidienne devient inévitable et insupportable pour les habitants. La malnutrition et la pauvreté continuent de s’étendre. Économiquement, l’effondrement du commerce continue de manière  sidérante. Pratiquement tous les économistes prévoient que le ralentissement ne va que s’approfondir. Au premier trimestre de 2019, la production industrielle a chuté. Le prix de l’essence et le chômage ont augmenté. La stratégie de Daniel Ortega-Murillo est celle de négocier directement avec les représentants des grandes entreprises afin d’éviter une dépression économique majeure. 

En ce qui concerne l’opposition, celle-ci cherche à trouver des alliés pour acquérir la confiance et l’appui de la société nicaraguayenne et ainsi mettre fin à la dictature. Or, lors de manifestations en 2018, des centaines d’opposants au pouvoir de Daniel Ortega ont été arrêtés par les forces de l’ordre puis mis en détention à la prison Modelo. Ce centre pénitencier de haute sécurité, situé à vingt kilomètres au nord de la capitale Managua, a récemment vu l’un de ses détenus mourir lors d’un accident.  

Eddy Montes, un opposant américano-nicaraguayen était détenu dans cette prison depuis des manifestations auxquelles il avait participé en 2018. Jeudi 16 mai 2019, après avoir été blessé au cours d’un «affrontement» avec un membre du personnel de la sécurité, cet opposant de 57 ans est décédé. Selon le ministère de l’Intérieur, l’incident aurait commencé lorsqu’ «un groupe de prisonniers s’est jeté sur le personnel de sécurité et a lutté avec l’une des sentinelles avec la claire intention de lui prendre son arme réglementaire. Au cours de cette lutte, un coup est parti et a atteint le détenu». Le ministre de l’Intérieur, Luis Cañas a annoncé qu’après l’accident, le blessé avait été transféré vers un hôpital où les médecins ont tenté de le réanimer.   

Suite à cette disparition, à Matagalpa, la ville d’ Eddy Montes, des dizaines de personnes se sont rassemblées avec des photos du défunt pour réclamer que justice soit faite. Selon les médias locaux, des forces antiémeutes ont alors été déployées. Concernant la réaction du  gouvernement face à cette tragédie, Luis Almagro, secrétaire général de l’Organisation des États américains, a condamné les événements survenus dans la prison. Il en a profité pour rappeler que le gouvernement nicaraguayen s’est engagé le 29 mars à libérer les opposants détenus dans un délai de 90 jours. 

Eulalie PERNELET