Le célèbre acteur Salvador del Solar devient Premier ministre du Pérou

Ce lundi 11 mars, le président du Pérou, Martín Vizcarra, a nommé le célèbre acteur Salvador del Solar au poste de Premier ministre, en remplacement de César Villanueva, dont il a accepté la démission le vendredi 8 mars. Salvador del Solar change donc de registre, et va diriger le deuxième gouvernement de Vizcarra, qui fêtera sa première année au pouvoir le 23 mars prochain.

Photo : Tele Sur

M. Villanueva a officiellement donné sa démission pour des raisons personnelles. La version officieuse veut qu’il ait été vivement critiqué par le président Vizcarra pour son voyage effectué fin février au Portugal et en Espagne, où il assistait à des manifestations culturelles, pendant que des pluies abondantes ravageaient des maisons, des ponts et des routes dans des dizaines de villes péruviennes.

Au Pérou, il est habituel que les présidents renouvellent leur gouvernement lorsque leur cote de popularité baisse, et Vizcarra a chuté de sept points en mars (56% de satisfaits, selon un sondage de la firme Datum International).

Salvador del Solar est né le 1er mai 1970 à Lima. Il a étudié au Colegio Santa María Marianistas de Lima, et a obtenu son diplôme d’avocat à l’université Pontificale Catholique du Pérou en 1994. Il a également obtenu une maîtrise en relations internationales à l’université de Syracuse, dans l’État de New York.

Il a été nommé ministre de la Culture par Pedro Pablo Kuczynski en 2016, mais a démissionné fin 2017, après que Kuczynski a accordé la grâce à l’ancien président Alberto Fujimori, qui purgeait une peine de 25 ans d’emprisonnement pour crimes contre l’humanité (quelques mois plus tard, un juge a annulé la grâce et Fujimori est retourné en prison).

Mais Salvador del Solar est surtout connu au Pérou pour sa carrière d’acteur et de réalisateur. Il a joué dans de nombreux films péruviens ou colombiens, téléfilms et séries, la plus célèbre d’entre elles étant Narcos, diffusée par Netflix. Il a réalisé en 2015 le film Magallanes, inspiré du roman La Pasajera de l’écrivain péruvien Alonso Cueto, qui a été nominé aux Goya Awards en Espagne dans la catégorie du meilleur film ibéro-américain, et a été récompensé dans différents festivals. Ce film est un amer portrait des ravages du conflit armé interne qui a secoué le Pérou dans les années 1980 et 1990 entre le groupe terroriste Sendero Luminoso et les forces armées.

Même si aucun changement majeur n’est attendu dans la politique générale du gouvernement, que peut-il apporter ?

Del Solar sait que sa force est d’être un bon communicant et il veut l’exploiter au maximum. Il a la réputation d’être un homme de dialogue, engagé dans la lutte contre la discrimination et favorable au modèle économique qui favorise les partenariats public-privé.

Il a déclaré sur Canal N qu’il voulait «reprendre une pratique devenue très difficile dans le pays qui consiste à dialoguer, à écouter et à mieux communiquer quels sont les problèmes et les défis». Il a également ajouté qu’il fallait «continuer à nettoyer la maison et à mettre fin à la corruption».

D’autre part, le nouveau gouvernement Vizcarra se distingue par sa parité, et pour la première fois, un des ministres est ouvertement homosexuel. Il est de tradition au Pérou que tous les ministres mettent leur poste à la disposition du président, qui peut ainsi les confirmer ou les remplacer, à l’occasion du changement du Premier ministre.

Le nouveau gouvernement est donc composé de neuf femmes et neuf hommes, alors que le précédent ne comptait que cinq femmes parmi les 18 postes. «Pourquoi est-il important qu’il y ait neuf femmes dans un gouvernement mixte au Pérou? Parce qu’il est important que nos filles grandissent en sachant qu’elles peuvent incarner l’autorité, puisque depuis des siècles les hommes pensent que l’autorité leur revient, et qu’il est encore difficile pour nous de respecter les femmes dans notre société», a souligné Del Solar dans son entretien avec Canal N.

Le Premier ministre du Pérou se présente comme un homme politique centriste, favorable aux accords de libre-échange et également aux «efforts déployés par la Commission Vérité et Réconciliation (sur le terrorisme subi au Pérou entre 1980 et 2000), dans le respect des droits de l’homme».

En tant que Premier ministre, ou officiellement président du Conseil des ministres, Del Solar devient le porte-parole du gouvernement péruvien et sera chargé de la coordination entre les membres du gouvernement. En outre, il prendra en charge les relations de l’exécutif avec les autres pouvoirs de l’État. Peut-être travaille-t-il déjà son meilleur rôle au Pérou.

Catherine TRAULLÉ