La Flor, un long métrage de l’Argentin Mariano Llinás diffusé en quatre parties en DVD

La Flor propose le cinéma en six épisodes. Chaque épisode correspond à un genre cinématographique. Le premier est une série B, comme les Américains avaient l’habitude d’en faire. Le second est un mélodrame musical avec une pointe de mystère. Le troisième est un film d’espionnage. Le quatrième est une mise en abîme du cinéma. Le cinquième revisite un vieux film français. Le sixième parle de femmes captives au 19e siècle. Mon tout forme «La Flor». Ces six épisodes, ces six genres ont un seul point commun : leurs quatre comédiennes : Elisa Carricajo, Valeria Correa, Pilar Gamboa et Laura Paredes.

Photo : La Flor

D’un épisode à l’autre, La Flor change radicalement d’univers, et chaque actrice passe d’un monde à l’autre, d’une fiction à une autre, d’un emploi à un autre. Ce sont les actrices qui font avancer le récit, ce sont elles aussi qu’au fur et à mesure le film révèle. Au bout de l’histoire, à la fin du film, toutes ces images finiront par dresser leurs quatre portraits.

«Dans La Flor, explique le réalisateur argentin Mariano Llinás, nos quatre actrices sont des inconnues. C’est le film qui crée leur carrière. Tout le film était conçu dans cette intention : composer le portrait de ses quatre comédiennes. Elles ont formé une compagnie de théâtre, La Piel de Lava. Je les avais vues sur scène en 2006, et je m’étais aussitôt dit que ces quatre femmes étaient capables d’emmener la fiction vers de nouveaux horizons. On a envisagé plusieurs histoires, tout me semblait intéressant, et j’ai compris qu’en fait je ne voulais pas faire un film, mais cent films avec elles !»

La Flor a notamment été remarqué au Festival Biarritz Amérique latine en septembre dernier après avoir été l’événement en août au Festival international du film de Locarno. D’une durée de presque 14 h (814 minutes exactement), le film était alors présenté en trois parties de plus de 4 h 30. Pour l’exploitation en France, ce sont quatre parties d’environ 3 h 30 qui sont présentées à raison d’une partie par semaine durant tout le mois de mars.

Il ne s’agit pas d’une série, mais de six histoires : quatre qui commencent et qui ne se terminent pas car elles s’arrêtent à mi-parcours. Puis la cinquième est complète. Quant à la sixième, elle commence au milieu et met un point final au film. Les six histoires ont comme point commun quatre actrices, jouant à chaque fois un rôle différent.

Le tournage du film a duré sept années. Chaque histoire appartient à un genre différent, thriller, comédie musicale, science-fiction, film de sorcières, hommage à La partie de campagne de Jean Renoir (film lui-même incomplet), etc. C’est un film très particulier qui est ludique, poétique et surréaliste par moment. Un film vraiment réussi même si, sur la longueur, il y a quelques passages à vide. L’interprétation est très bonne et le film tient remarquablement par la qualité de la photographie et de la musique. Le jury de Biarritz présidé par Laurent Cantet, le réalisateur de Retour à Itaque (2014), lui a accordé le Prix du jury.

Qui est ce réalisateur parti pour un tel défi ? Mariano Llinás est né en Argentine en 1978. Il est réalisateur, scénariste, membre du collectif El Pampero Cine, professeur à l’Universidad del Cine de Buenos Aires et co-directeur du magazine Revista de Cine. Ses œuvres antérieures sontBalnearios (2002) et Historias extraordinarias en 2008. Il a été scénariste pour Hugo Santiago et pour deux films remarqués de Santiago Mitre, Paulina et El Presidente.

La Flor est vraiment une expérience unique à encourager, même si l’on ne peut voir les quatre parties. Un épisode du film sera à voir en salles chaque semaine à partir du 6 mars. Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain de Villeurbanne proposeront également le film dans leur programmation les samedi 16 et 23 mars à 20h15, le dimanche 24 mars à 16h30 et le mercredi 27 mars à 16h30. Et au festival Cinelatino de Toulouse, la projection se fera sur deux jours, les 30 et 31 mars prochains.

Alain LIATARD