Nicolás Maduro prêt à des législatives anticipées mais pas à remettre son mandat en jeu

Nous avons retardé nos parutions dans l’attente d’un article d’un de nos correspondants à Caracas. Nous avons décidé de garder ses impressions pour la prochaine newsletter et nous transcrivons ici une synthèse des dernières déclarations sur la crise institutionnelle vénézuélienne au cœur de l’actualité internationale de ces derniers jours.

Photo : El Popular

Dans une dépêche de ce mercredi, Euronews signale qu’il ne se passe plus un jour sans que la télévision d’État ne diffuse des images du président vénézuélien aux côtés des militaires. Le message est clair : le soutien de l’armée est sans faille. Nicolás Maduro continue aussi d’accuser les États-Unis. Donald Trump aurait donné l’ordre au «gouvernement colombien et aux mafias colombiennes» de le «faire tuer». «C’est la première fois dans l’histoire que ça arrive, a martelé Nicolás Maduro dans une interview. C’est dire le niveau de désespoir à la Maison blanche, parce qu’ils n’y arrivent pas avec le Venezuela. C’est très délicat. Qu’est-ce que je fais, moi ? J’exerce mon leadership, en tant que commandant en chef, constitutionnellement reconnu.»

L’homme fort du Venezuela se dit prêt à négocier avec l’opposition et à convoquer des législatives anticipées mais il exclut de remettre son mandat en jeu, se targuant d’avoir des soutiens de poids. «Nous avons le soutien de la Russie, à tous les niveaux, assure-t-il. Et nous le recevons avec beaucoup de satisfaction et de gratitude. Ce que j’ai demandé au président Poutine, c’est que l’on maintienne un contact permanent.» L’opposant Juan Guaidó compte, lui, sur le soutien des États-Unis et d’une bonne partie des pays occidentaux mais il joue gros. La Cour suprême lui a interdit de quitter le pays et a gelé ses comptes bancaires.

Pour sa part, le journal économique Les Échos se demande pourquoi la crise au Venezuela ne fait pas flamber les cours du pétrole. La crise au Venezuela n’affole apparemment pas les marchés pétroliers. Le prix du baril de WTI comme celui du brent étaient en hausse mercredi en fin d’après-midi. Mais en dépit de l’annonce d’un embargo américain sur les exportations de brut vénézuélien, les cours de l’or noir n’ont presque pas bougé depuis que l’opposant au régime chaviste a défié le chef de l’État.

Cette stabilité a de quoi surprendre. Le Venezuela dispose des plus importantes réserves de pétrole du monde et exporte un demi-million de barils par jour vers les États-Unis, son premier client, malgré la chute spectaculaire de la production ces dernières années provoquée par la déliquescence de ses infrastructures pétrolières.

Radio Canada revient quant à elle sur les partisans du président autoproclamé du Venezuela qui ont défilé mercredi à Caracas et dans de nombreuses autres villes sous forme de rassemblements entre midi et 14 h pour répondre à l’appel de Juan Guaidó et convaincre l’armée d’abandonner Maduro, avec des slogans comme «Forces armées, retrouvez votre dignité», «Guaidó président» ou «Maduro usurpateur» ; l’institution militaire constituant le pilier du pouvoir de Nicolás Maduro depuis 2013.

Les prochaines semaines seront décisives pour l’avenir du Venezuela qui se joue désormais sur la scène internationale. Où mèneront les pourparlers acceptés avec l’opposition et dans quelle mesure les médiateurs internationaux participeront ? Car si Nicolás Maduro se dit prêt à considérer des élections législatives anticipées, il ne faudrait pas oublier qu’il a réitéré son refus qu’une élection présidentielle ait lieu avant 2025. À suivre…

M. L.
D’après la presse