L’Ange, un film argentin de Luis Ortega retraçant l’itinéraire d’un célèbre tueur en série

Buenos Aires, 1971. Carlitos est un adolescent de 17 ans au visage d’ange à qui personne ne résiste. Ce qu’il veut, il l’obtient. Au lycée, sa route croise celle de Ramón. Ensemble, ils forment un duo trouble au charme vénéneux. Ils s’engagent sur un chemin fait de vols, de mensonges où tuer devient bientôt une façon de s’exprimer…

Photo : L’Ange

Luis Ortega s’est inspiré de l’histoire de Carlos Robledo Puch, plus connu sous le nom de «L’ange noir», qui assassina entre 1971 et 1972 onze personnes d’une balle dans le dos ou pendant leur sommeil. Pour lui, la mort était une notion abstraite. Ses origines sociales, son solide environnement familial, et ses bonnes manières constituaient une formidable couverture pour commettre ses crimes. Mais le plus déconcertant était sa beauté physique : un visage angélique avec des boucles blondes.

«Carlitos, explique Luis Ortega, se comporte comme une star. Il a le sentiment d’être filmé. Il cherche à capter l’attention de Dieu et à l’impressionner. Il est convaincu que tout est mis en scène et que même la mort n’est pas réelle. Il marche comme le ferait une légende vivante, vole comme un danseur, et méprise la nature parce qu’il est convaincu que le destin est une pure construction.»

La mise en scène de Luis Ortega colle merveilleusement à l’insouciance meurtrière de son héros et est remarquablement mise en lumière par le chef opérateur Julián Apezteguia. L’interprétation de Lorenzo Ferro qui a l’âge du rôle et dont c’est le premier film est remarquablement légère, et est l’incarnation parfaite de l’amoralité la plus totale. À ses cotés, en plus massif et plus viril, Ramón, incarné par Chino Darín, le fils de Ricardo Darín, aussi beau que son père, est issu d’un milieu de petits escrocs. C’est toute une troupe que met en scène ce quatrième long-métrage de Luis Ortega, sélectionné dans la catégorie «Un certain regard» à Cannes en 2018, où il impressionna les festivaliers.

On comprend aussi que ce sujet ait pu intéresser Pedro Almodóvar, qui est coproducteur de ce film qui se déroule juste avant l’arrivée de la dictature (1976-1983). Signalons que Carlos Robledo Puch, condamné à perpétuité, est à ce jour le plus ancien prisonnier argentin. Sortie le 9 janvier 2019.

Alain LIATARD

Luis Ortega Salazar, né le 12 juillet 1980 à Buenos Aires, est un réalisateur et scénariste argentin. Il a suivi des cours de cinéma à l’Universidad del Cine à Buenos Aires. Il a écrit le scénario de son film Black Box quand il avait 19 ans. Son travail au cinéma a été bien reçu par les critiques de films. Diana Sanchez a dit «Avec seulement deux longs métrages… Luis Ortega est déjà considéré comme l’une des voix directoriales argentines les plus impressionnantes et originales. Son premier long métrage, Black Box, se démarquait des critiques sociales qui caractérisaient les films argentins contemporains.»