Cinq phrases d’AMLO lors de son premier discours en tant que président du Mexique

Le nouveau président du Mexique Andrés Manuel López Obrador (AMLO), élu en juillet 2018 avec 53 % des votes, a tenu son premier discours comme président, samedi 1er décembre. Nous transcrivons une synthèse de l’article publié sur le site en espagnol de la BBC, traduit par nos soins.

Photo : BBC

Lors de son investiture devant le Congrès, Andrés Manuel López Obrador (AMLO) a annoncé samedi dernier sa volonté de combattre la corruption et de réformer le gouvernement national. AMLO a surtout fait la promesse devant les Mexicains de «ne pas échouer» dans sa volonté de réformer le pays. Le politicien de 65 ans a souligné qu’il veut aujourd’hui impulser une quatrième transformation à la hauteur des mouvements d’indépendance de la Réforme libérale et de la Révolution mexicaine. «Il n’y a rien de prétentieux ou exagéré, mais aujourd’hui, ce n’est pas seulement le début d’un nouveau gouvernement, mais d’un changement de régime politique» a prononcé AMLO.

Il va soumettre son gouvernement à un référendum à mi-parcours de son mandat de six ans, soit en 2021. «Je précise qu’en aucun cas je ne devrai me réélire. Au contraire, je me soumettrai à la révocation du mandat», a déclaré le nouveau président du Mexique. BBC Mundo a noté cinq phrases clés prononcées par le président lors de son premier discours aux Mexicains.

1) «Je m’engage à ne pas voler»

Le président a consacré une grande partie de son discours de plus d’une heure à expliquer ce qu’il considère comme les causes de la «grande corruption» du pays et comment les gouvernements passés l’ont tolérée. «Je m’engage à ne pas voler, à ne permettre à personne d’user de sa position pour soustraire des biens ou faire des affaires sous le couvert des pouvoirs publics» a-t-il affirmé. 

Il a également annoncé que son gouvernement encouragera les réformes législatives comme la suppression de l’immunité présidentielle ou la qualification de la corruption comme «délit grave» afin que tous les fonctionnaires de son gouvernement soient soumis à la justice. Il inclut également les «amis, compagnons et familles» pour éviter toute forme de malhonnêteté. 

2) «Le président du Mexique ne donnera jamais l’ordre de réprimer le peuple»

S’agissant de la situation d’insécurité au Mexique, un pays où 2017 a été reconnue comme la pire année en nombre d’homicides depuis plusieurs décennies, López Obrador a réaffirmé sa proposition de créer une Garde nationale militaire. Il assure qu’en tant que chef de l’Armée, il ne permettra aucun usage répressif ni actes de violences de la part des forces de sécurité publique. 

Bien que pendant des années il se soit opposé à l’implication de l’Armée dans les tâches de sécurité publique, AMLO a finalement défendu l’idée de la Garde nationale, en déclarant que «les forces armées ne sont pas concernées par la corruption des corporations policières». Cette mesure «sera mise en place seulement si elle est approuvée dans une consultation citoyenne» a-t-il promis.

3. «Ils vont baisser les salaires de ceux qui sont en haut parce qu’ils vont augmenter ceux de ceux qui se trouvent en bas»

AMLO a consacré une autre partie de son discours à expliquer comment il utilisera le budget disponible pour financer les programmes de son gouvernement. Il a assuré que son programme «d’austérité républicaine» qui vise à réduire les dépenses du gouvernement contribuera également à augmenter les salaires de la base des travailleurs du secteur public. 

De plus, le nouveau président a expliqué que l’objectif sera d’augmenter les revenus des Mexicains en général pour faire en sorte que la migration soit «facultative, et non pas obligatoire». «Nous allons mettre de côté l’hypocrisie néolibérale. L’État s’occupera de diminuer les inégalités sociales. La justice sociale ne sera plus écartée du programme gouvernemental» a déclaré AMLO. 

4. «La vengeance, ce n’est pas mon fort.»

Bien que AMLO a souligné à plusieurs reprises la complicité des gouvernements précédents dans la «grande corruption» du pays, il a également assuré qu’il ne demanderait pas la poursuite des autorités précédentes. «La vengeance n’est pas mon fort, même si je n’oublie pas, je suis un partisan du pardon et de l’indulgence» a dit le politicien. 

«La crise du Mexique a été causée non seulement par l’échec du modèle économique néolibéral appliqué les 36 dernières années de gouvernement, mais aussi par la prédominance immonde de la corruption publique et privée» a-t-il signalé. 

«J’ai proposé au peuple du Mexique que nous mettions fin à cette horrible histoire et que nous recommencions sur de meilleurs bases.»

5) «Je n’ai pas le droit d’échouer»

AMLO a terminé son discours sur une anecdote : alors qu’il se dirigeait vers le Congrès, un cycliste s’est approché de sa voiture et lui a dit : «tu n’as pas le droit de nous décevoir». Il a promis de faire de cette expression l’un de ses objectifs : «c’est la promesse que j’ai faite avec mon village : je n’ai pas le droit d’échouer.» 

AMLO, qui a été trois fois candidat aux présidentielles (2006, 2012, 2018), a expliqué se sentir prêt à affronter les problèmes du pays. Il arrive à la présidence comme président le plus voté depuis des décennies, en plus d’avoir une majorité quasi absolue dans les deux chambres du Congrès. 

«Rien de matériel ne m’intéresse et je ne me soucie pas du tout de l’attirail du pouvoir, j’ai toujours pensé que le pouvoir devait être exercé avec sagesse et humilité» a déclaré le politicien. Il a conclu: « je suis optimiste : nous sommes sur la voie de la renaissance du Mexique.»

D’après BBC Mundo
Traduit de l’espagnol
par Chloé GARCÍA DORREY