La venue à Lyon de la réalisatrice vénézuélienne Alexandra Henao pour le festival Documental 2018

La douzième édition du festival «Documental : l’Amérique latine par l’image» a accueilli la réalisatrice vénézuélienne Alexandra Henao, dans le cadre d’une collaboration avec le festival «Documenta» de Caracas. Elle a présenté son long-métrage documentaire Kuyujani envenenado à l’Institut Cervantès le mardi 20 novembre, son film étant en lice pour les prix du jury et des spectateurs décernés à la fin du festival.

Photo : Beto Benitez (Pérou)

Alexandra Henao est vénézuélienne. Elle est diplômée en communication sociale (Université Catholique André Bello, Caracas, Vénézuela) et en cinématographie (Nation Film & TV School, Beaconsfield, Angleterre). Directrice cinématographique et de la photographie, les courts et longs métrages qu’elle a réalisés ont tous été primés dans son pays d’origine ainsi qu’à l’international.

La réalisatrice s’est rendue à Lyon la semaine dernière afin de présenter un long-métrage sur les questions amérindiennes et écologiques au festival «Documental, l’Amérique latine par l’image». C’est dans le cadre d’une collaboration avec le festival «Documenta» de Caracas que la structure culturelle Espaces Latinos a eu l’honneur d’accueillir Alexandra Henao.

Entre 2010 et 2016, la réalisatrice vénézuélienne s’est rendue à trois reprises dans les communautés Yekuana et Sanema qui souffrent d’une catastrophe humaine et environnementale. En effet, ces peuples risquent de disparaître sous peu car les lacs qui traversent leurs territoires et dont ils se servent pour les activités quotidiennes sont empoisonnés au mercure. Cet élément chimique que les locaux appellent le «vif d’argent» est utilisé pour extraire l’or des exploitations minières qui se développent de manière exponentielle sur les territoires indigènes. Jusqu’à 2016, ce commerce était absolument illégal mais n’en demeurait pas moins réel. Kuyujani envenenado montre l’impossible affrontement entre les communautés Yekuana et Sanema et ceux qui bénéficient de cette activité illégale et l’autorisent, au détriment des locaux et de leur santé. Le documentaire met en exergue l’implication de commanditaires militaires dans ce commerce qui, loin de le faire cesser, l’alimentent.

Les différentes séquences du film montrent l’altération du quotidien de ces peuples à cause d’activités polluantes, dangereuses et très rentables, dans un Vénézuela en crise économique. On ne peut que regarder, abasourdi, cette réalité qui nous est si lointaine se déployer devant nous, et se sentir révolté par cette injustice. L’approche humaniste et militante de la réalisatrice est frappante en ce qu’elle montre le bienfondé des revendications des Yekuana et Sanema qui, malheureusement, sont les laissés-pour-compte de ce désastre sanitaire et écologique.

Le mercredi 21 novembre, c’est à l’École Normale Supérieure de Lyon que son documentaire a été projeté, en miroir avec le court-métrage Mi territorio, de Cécile Spanu et Arturo Rodríguez, lors d’une double-projection, suivie d’un échange avec le public.

Nina MORELLI