Énième assassinat d’un journaliste et impunité pour les coupables : où est la liberté de la presse au Mexique ?

Leobardo Vázquez Atzin est le troisième journaliste assassiné au Mexique depuis le début de l’année, ils étaient douze l’an dernier. L’État de Veracruz, où vivait et travaillait Leobardo, est réputé comme étant le plus dangereux pour les journalistes au Mexique. Selon Reporters Sans Frontières (RSF), le niveau de violence envers les journalistes au Mexique est comparable à celui des pays en guerre civile, comme l’Afghanistan ou la Syrie. 

Photo : Sin Filtro Noticias

Leobardo Vázquez Atzin, journaliste mexicain, a perdu la vie la semaine dernière dans l’État de Veracruz. Il a été attaqué par un groupe d’individus armés alors qu’il s’occupait de l’un de ses restaurants, puis assassiné à son domicile dans la nuit du 21 mars. Leobardo travaillait pour les médias locaux et gérait un site d’informations sur Facebook. Visiblement, c’est l’une des informations publiées sur ce site, concernant Juan Ángel Espejo, maire du village de Tecolutla, qui serait la cause de sa mort. 

Leobardo utilisait sa page Facebook pour publier des informations concernant la délinquance régionale, la corruption et autres informations à caractère plus général. Selon le CPJ (Comité pour la protection des journalistes), ses publications étaient extrêmement critiques envers Juan Ángel Espejo, raison pour laquelle il avait reçu des menaces et pots-de-vin pour y mettre fin. L’origine de ces menaces n’est pas confirmée, mais apparemment un élu les auraient envoyées. Ses collègues ont déclaré que Leobardo avait l’intention de demander de l’aide et une protection, mais qu’il ne l’avait jamais fait officiellement.

Il est fort probable que ce crime contre la liberté d’expression reste impuni, comme c’est le cas pour 99,6 % des assassinats de journalistes au Mexique. Naviguant au milieu d’une guerre entre gouvernement et cartels, les journalistes s’exposent et deviennent des cibles faciles dès qu’ils évoquent de tels sujets (crime organisé, trafic de drogue, corruption). Menaces, agressions et risques d’exécution sont alors le quotidien des défenseurs de la presse.

La liberté d’expression au Mexique s’apparente plus à une utopie ; et triste est de constater qu’une information objective sur le côté obscur et violent de la Nation n’est pas prête de voir le jour. La corruption reste un acte quotidien et partagé, et la loi de l’omerta se veut maîtresse. La situation est très alarmante, surtout que, selon les statistiques, 48 % des agressions sont perpétrées par des fonctionnaires et des élus corrompus, projetant le gouvernement sur le devant de la scène de ces assassinats à la chaîne.

Depuis 2010, 73 assassinats ont été commis contre les journalistes et l’année 2017 totalise le plus haut taux d’homicides. Durant le premier semestre, un journaliste était agressé toutes les 15,7 heures. Situation dramatique s’il en est, RSF fait son possible pour endiguer ce fléau, exhortant les autorités à identifier les responsables.

Karla RODRIGUEZ