Un rapport des Nations unies met en évidence une tentative de dissimulation dans l’affaire des 43 étudiants disparus

Un nouveau rapport accablant rendu public par les Nations unies à propos de l’enquête effectuée par le gouvernement mexicain sur la disparition forcée de 43 étudiants en 2014, qui révèle les détentions arbitraires et les actes de torture infligés à des suspects, ainsi que la falsification et la dissimulation d’éléments de preuve, souligne à quel point il est urgent de réformer la manière dont les enquêtes pénales sont menées au Mexique, a déclaré Amnesty International vendredi 16 mars.

Photo : Amnesty International

« Les constatations des Nations unies confirment ce dont les militants et les organisations en faveur des droits humains accusent les autorités mexicaines depuis des années : un recours généralisé à la torture et la manipulation d’éléments de preuve dans le but d’étouffer de très graves violations des droits humains et de garantir l’impunité des responsables », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice pour la région des Amériques à Amnesty International. « Cette enquête entachée d’irrégularités flagrantes, qui porte sur l’un des crimes les plus graves de l’histoire récente du Mexique, illustre l’utilisation abusive de l’appareil judiciaire par les autorités et leur refus de lutter contre les violations des droits humains. »

Le 26 septembre 2014, des policiers ont agressé des étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa dans une ville voisine, Iguala (État de Guerrero, dans le sud du pays). Quarante-trois de ces étudiants ont été soumis à une disparition forcée, tandis que trois autres et trois passants ont été tués. Personne n’a revu les 43 étudiants depuis lors. Des experts internationaux ont réfuté à plusieurs reprises la théorie avancée par le Parquet général du Mexique, selon laquelle des policiers municipaux ont remis les étudiants aux membres d’un gang local de narcotrafiquants, qui les ont tués, ont incinéré les corps dans une décharge située non loin, à Cocula, et ont jeté les cendres dans la rivière San Juan.

Le rapport rendu public jeudi 15 mars par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) montre que l’enquête effectuée par le parquet a donné lieu à de nombreuses violations des droits humains. Figurent parmi celles-ci 34 cas de détention arbitraire et de torture, et la possible exécution extrajudiciaire d’un suspect, Emmanuel Alejandro Blas Patiño, qui aurait été torturé à mort par des membres de la marine mexicaine le 27 octobre 2014. Le HCDH a également révélé que les autorités mexicaines ont porté atteinte aux droits des victimes à la vérité et à la justice, signalant des irrégularités dans la partie de l’enquête effectuée aux abords de la rivière San Juan et le fait que des représentants du parquet ont entravé une enquête interne sur des détentions illégales.

Amnesty International exhorte le Mexique à mettre en œuvre dans les meilleurs délais et de manière efficace les 15 recommandations émises par le HCDH dans son rapport, en particulier celles qui sont en relation avec l’établissement d’un système d’enquête véritablement indépendant, et avec l’éradication des violations des droits humains attribuées aux enquêteurs gouvernementaux. « Le gouvernement mexicain doit immédiatement ouvrir une enquête indépendante et exhaustive se basant sur les conclusions du rapport. Les fonctionnaires soupçonnés d’avoir pris part à des actes de torture ou d’autres violations des droits humains doivent être suspendus le temps que les résultats de l’enquête soient connus. » Le gouvernement mexicain doit immédiatement ouvrir une enquête indépendante et exhaustive se basant sur les conclusions du rapport. Les fonctionnaires soupçonnés d’avoir pris part à des actes de torture ou d’autres violations des droits humains doivent être suspendus le temps que les résultats de l’enquête soient connus.

Amnesty International