La violence légitime de l’État nicaraguayen comparée à l’abus de force de l’ancienne garde nationale

Le 8 février dernier, un groupe de mères du Mouvement de Rénovation Sandiniste (MRS, gauche), parmi lesquelles sa présidente, Suyen Barahona, a déposé une plainte contre le président du Nicaragua Daniel Ortega et le Général Cesar Aviles, chef des armées, pour « assassinat » et « abus d’autorité » à la suite du décès de deux jeunes garçons lors d’une fusillade avec une patrouille militaire en novembre dernier.

Photo : Daniel Ortega

La mobilisation fait suite à une opération militaire datée de novembre 2017 où six personnes supposées appartenir à des bandes criminelles, dont deux enfants de 12 et 16 ans, ont été assassinées à La Cruz del Rio Grande, région autonome du sud des Caraïbes. Sept femmes, Daysi Tamara Dávila Rivas, Suyén Barahona Cuan, Marlen Auxiliadora Chow Cruz, Virginia Eugenia Vijil Icaza, Luisa del Carmen Molina Cabezas, Lucia Marilea Reynosa Mercado et Mayra Sirias, demandent la clarification des faits et une investigation exhaustive à propos de la fusillade, de même que la remise des corps qui se trouvent actuellement dans une fosse commune.

Mme Chow se défend à propos de commentaires malsains de la part de la presse et de l’opinion publique à cause des photos qui circulent sur les réseaux sociaux où les deux mineurs sont présentés avec des armes de feux. Elle explique que les photos ne sont pas réelles et qu’aujourd’hui, avec les facilités technologiques, les clichés peuvent être photoshopées. Si c’est le cas, on est dans une situation extrêmement grave et on est face à un nouveau cas en Amérique latine de « faux positif » où des citoyens civils sont assassinés par l’armée et présentés aux médias comme criminels.

De plus, Mme Chow, membre du MRS, exprime son mécontentement, sa peur et sa méfiance envers le gouvernement de Daniel Ortega du fait de son abus de pouvoir, et le compare aux abus de force de la garde nationale contre les guérillas du FSNL. Elle s’explique ainsi : « que ces photographies soient vérifiées ou non, le gouvernement n’a pas le droit de prendre la vie des gens aussi impunément comme le fait le président Daniel Ortega. Je veux simplement leur rappeler que, pendant ces années, des guérilleros ont été tués de la même manière. Les demandes exigeaient d’une justice faite et ordonnée par les autorités compétentes. La garde nationale a été tuée comme le fait l’armée du Nicaragua ».

Jusqu’à ce que la justice fasse son travail et puisse clarifier les faits, le mouvement MRS continue de dénoncer l’inefficacité et la corruption du système judiciaire, de même que les critiques contre le gouvernement du FSLN. Ensuite, le gouvernement se trouve dans une situation très compliquée et, de l’extérieur, est encore perçu comme un gouvernement de gauche en Amérique qui utilise l’abus de la force pour maintenir le pouvoir.

Daniel Ortega se trouve dans son troisième mandat consécutif, obtenu avec 72,4 % de voix et presque 50 % d’abstention. Paradoxalement avec le cumul de mandats et la nomination de son épouse comme vice-présidente de la nation, Ortega est en train de créer une « dynastie » dans le pays, comparable d’une certaine manière à la dictature de Somoza, qu’il a aidé à écraser. Ce n’est pas étrange alors que l’opposition ou même les citoyens civils commencent à se méfier de plus en plus du président et trouvent qu’Ortega détient plus de pouvoir que ce qu’il devrait avoir. Sans parler d’une situation extrême, les cas d’abus de force des armées sont une conséquence claire, et mettent en péril le système démocratique du pays.

Jonathan Z. CORONEL