Fin du règne des Castro à Cuba, et après ? Réponse lors des prochaines élections le 11 mars

Dimanche dernier, Raúl Castro a présidé à La Havane la cérémonie d’hommage à José Martí, héros de la révolution cubaine, lors de laquelle a été dévoilée la réplique de la statue de José Martí érigée dans Central Park. Cette cérémonie, symbole d’unité, s’est pourtant déroulée sans la présence de représentant de l’État américain, à un moment où les relations entre Cuba et les États-Unis sont plus que jamais tendues. Si la mort de Fidel Castro en 2016 avait laissé espérer un retour possible à la démocratie, Cuba ne jouit toujours pas aujourd’hui d’une grande popularité mondiale et son système politique laisse à désirer.

Photo : Noticias Marti

Cette cérémonie a eu lieu à seulement quelques semaines des élections, le 11 mars prochain, des députés de l’Assemblée, lesquels décideront et éliront le successeur de Raúl Castro, qui cédera sa place le 19 avril 2018, tout en continuant à siéger, jusqu’en 2021, à la tête du Parti communiste cubain. Si ces élections mettront définitivement fin à six décennies de castrismo sur l’île caribéenne, elles ne laissent cependant pas beaucoup de place au hasard ; en effet, le système politique cubain n’autorise qu’un seul parti et les élections sont menées sans campagne ni pluralisme. Il reste à voir si le nouveau président sera élu parmi les députés qui proviennent encore de la Révolution castriste – José Ramón Machado Ventura ou Ramiro Valdés -, ou parmi les quelques cadres qui appartiennent à des générations plus jeunes, parmi lesquels se démarque l’actuel vice-président Miguel Díaz-Canel. Bien qu’il semble que la tendance soit plutôt à un renouveau générationnel du pouvoir, les paris restent ouverts.

C’est le nom de Miguel Díaz-Canel Bermúdez, 57 ans, actuel vice-président du Conseil d’État, numéro deux du pouvoir cubain et bras droit de Raúl Castro, très fidèle au parti et à ses dirigeants, qui circule dans les journaux avec insistance. Ancien universitaire, ancien ministre, membre du bureau politique du Parti communiste, il occupe depuis 2013 des fonctions de plus en plus importantes dans la hiérarchie cubaine : s’il a longtemps été présenté comme un homme capable de faire évoluer le régime cubain, Miguel Díaz-Canel s’inscrit, malgré son âge, dans la lignée du pouvoir castriste.

À ce nom s’ajoutent, comme évoqué plus haut, ceux de José Ramón Machado Ventura, d’Alejandro Castro Espin, et de Ramiro Valdés Menéndez. José Ramón Machado Ventura, 87 ans, a d’abord été vice-président des Conseils d’État et des Ministres, puis second secrétaire du Parti communiste, et s’est montré fidèle au régime depuis ses débuts. Alejandro Castro Espín, 52 ans, fils unique de Raúl Castro, colonel du ministère de l’Intérieur, s’est fait quant à lui connaître ces dernières années en prenant la charge du puissant Conseil de défense et de sécurité nationale ; il a mené les conversations secrètes qui ont précédé les négociations pour rétablir des liens diplomatiques avec Washington. Ramiro Valdés Menéndez, 85 ans, se place également sur la liste des potentiels futurs présidents : vice-président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, il est l’un des « commandants de la Révolution ». Ministre de l’Intérieur dans les années 1960 et 1980, il préside à la création des Unités militaires d’aide à la production (UMAP), camps de travaux forcés où 30 000 détenus ont été « rééduqués » entre 1965 et 1968. Il a été également ministre de l’Informatique et des Communications.

On peut aussi citer les noms de Salvador Valdés Mesa, Gladys Bejerano, Bruno Rodríguez, Esteban Lazo, Julio César Gandarilla Bermejo, Lázara Mercedes López Acea, Leopoldo Cintra Frías, Marino Murillo, tous membres du gouvernement actuel et proches de la famille Castro. Il y a de grandes chances pour que le changement de présidence attendu à Cuba, s’il mettra probablement officiellement fin au règne des Castro, n’en soit en réalité que la continuité.

Léa JAILLARD