Élections régionales au Venezuela, des résultats contestés par l’opposition

Le 25 octobre, le Venezuela a encore fait la une de l’actualité internationale. Cette fois-ci, à l’occasion des élections régionales : 23 postes de gouverneurs étaient à pourvoir pour chacun des États composant la République bolivarienne. Un pays qui, d’ailleurs, a vécu, depuis juin, une ambiance de quasi guerre civile avec de graves altercations et tumultes, qui ont fait 120 morts dans les rues du pays.

Photo : Ministère de la Communication du Venezuela

Selon le Conseil National Électoral (CNE), la participation a été de 61,14 %. Une participation en baisse de quelques points par rapport à celle des élections de 2015, qui avaient mobilisé 74,25 % de la population. Le parti progouvernemental, le PSUV, Parti Socialiste Unifié du Venezuela, a obtenu 54% des voix, – contre 45% pour la MUD, la coalition d’opposition -, remportant ainsi 18 des 23 sièges en jeu. Cependant, cette victoire du gouvernement a été fortement contestée par l’opposition.  D’après la Table de l’unité démocratique (MUD), de nombreux incidents remettent en cause la légitimité de ces élections. Dans le journal El Nacional, Ángel Oropeza, coordinateur politique de la coalition, dénonce, d’une part, que 1,1 million de personnes se sont vues empêchées de voter à cause de problèmes techniques (les machines utilisées pour les votations étaient hors de service). Il dénonce également les attaques et les intimidations contre 350 000 électeurs de la part de groupes paramilitaires favorables à Maduro. De plus, selon la MUD, un changement de dernière minute des lieux de vote aurait empêché 700 000 personnes de voter.

Nicolas Maduro, lui, accuse l’opposition d’être la seule responsable de ses mauvais résultats, tout en mettant en relief la violence qui a eu lieu depuis des mois dans le pays, provoquée seulement, selon lui, par l’opposition. Le président vénézuélien fait également appel au dialogue et à la négociation pour construire un autre futur pour le pays, côte à côte avec l’opposition. Et c’est cet appel à la négociation qui inquiètent certains membres de l’opposition. On dit en effet qu’un rapprochement se serait effectué durant les derniers jours de la campagne entre certains membres de l’opposition et le gouvernement, moyennant quelques sièges de gouverneur.

Actuellement, il reste à savoir comment va évoluer la position de l’opposition dans les jours à venir. D’une part, il y a ceux qui pensent qu’il vaut mieux lutter contre le « chavisme » à l’intérieur, comme l’a exprimé Ángel Oropesa, le coordinateur politique de la MUD, dans El Nacional. D’autres secteurs de l’opposition, comme l’a témoigné María Ledezma au lendemain des élections, pensent qu’aucune légitimité ne peut être accordée au gouvernement de Maduro et que les portes du dialogue avec celui-ci doivent rester fermées. Le secrétaire général de l’Organisation des États d’Amérique (OEA), Luis Almagro, qui a mis en question la participation de l’opposition aux élections, est du même avis. Il a déclaré lundi, selon le journal Panorama, que les résultats ne pouvaient pas être reconnus et que l’opposition avait eu tort de participer aux élections, donnant ainsi légitimité au gouvernement de Maduro.

Mario PEREZ MORALES