Le président Donald Trump menace le Canada et le Mexique d’annuler le traité ALENA

L’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), signé par ces trois pays, en 1992 et mis en application en 1994, l’Alena liant les États-Unis, le Canada et le Mexique est menacé d’annulation par le président Donald Trump qui veut le « renégocier ou l’annuler ». Le grand perdant sera le Mexique.

Photo : Radio Canada

Signé par ces trois pays en 1992 et mis en application en 1994, l’Alena (1) a surtout profité aux transnationales états-uniennes qui ont massivement délocalisé leurs industries vers le Mexique où la main d’œuvre était peu chère et corvéable à merci, surtout dans le secteur de l’automobile. L’idée de revoir ou de « refonder » le traité est qu’il bénéficie surtout aux intérêts des États-Unis, de réduire leurs déficits commerciaux et reprendre la main sur tout le commerce entre les trois pays. Trump veut tout revoir en tirant la couverture à soi bien entendu. Les deux autres partenaires du traité essaieront de limiter les dégâts.

La position mexicaine

Le Mexique avait signé ce traité surtout pour accéder au marché US. Pour cela, il a sacrifié une bonne partie de sa souveraineté, de son économie, de son agriculture (surtout celles de ses petits paysans), la croissance de son marché intérieur, les salaires, les acquis sociaux, les ressources naturelles, et on en passe. Il refuse que la réduction du déficit commercial US se fasse par une diminution des échanges commerciaux. Il faut dire que 80 % des exportations mexicaines se font en direction du nord !

L’analyse tendancieuse de Trump

Pour le président US, « l’ALENA est responsable de la perte de 700 000 emplois aux USA et d’un déficit de plus de 54 milliards d’euros en faveur du Mexique. C’est le pire accord commercial de l’Histoire… » Ce n’est pas tout à fait vrai. Le commerce avec le Mexique est passé de 81 milliards de dollars en 2003 à 540 milliards en 2015. Les entreprises US en ont bien profité… C’est aussi oublier que les deux partenaires du traité représentent plus d’un tiers des exportations US et que 40 % de ces exportations résultent de l’ouverture obligatoire de leurs économies aux produits US ! Si la Chine est le premier partenaire commercial des États-Unis, le Canada est le deuxième et le Mexique son troisième (2). Pas si mauvais que cela pour les USA, ce traité finalement !

Même constat pour le Canada

Son économie a toujours été très liée à celle des États-Unis : 75 % de ses exportations sont dirigées vers eux. Une révision à la baisse du traité ne peut que défavoriser le Canada. Par contre, les échanges Canada-Mexique ont augmenté de 7 à 10 % annuellement et le Canada a massivement investi au Mexique.

Un traité peu favorable aux paysans mexicains

Si les transnationales des trois partenaires ont largement bénéficié du traité, le petit peuple mexicain a toujours été perdant : perte d’emplois massive dans le secteur agricole, diminution des salaires industriels, exploitation des ressources naturelles, etc. Le Mexique est un pays dit émergent face à deux des économies les plus puissantes de la planète. Le secteur agricole mexicain a été systématiquement démantelé. En effet, alors que le Mexique doit « se plier aux règles du libre commerce » imposées par les États-Unis, les paysans états-uniens bénéficient de jusqu’à 30 % de subventions ! Le maïs est un bon exemple : les importations de maïs états-unien vers le Mexique ont beaucoup augmenté non parce que la demande mexicaine aurait augmenté mais parce que le maïs US est meilleur marché car subsidié par son gouvernement. Le maïs US prend peu à peu la place du maïs mexicain au Mexique ! Les échanges sont clairement inégaux… Malgré sa défense impérieuse du « libre commerce », les États-Unis sont un des pays les plus protectionnistes de la planète.

Négociations en cours

La première ronde de (re)négociations a eu lieu le 16 août 2017 à Washington, la seconde ronde à Mexico début septembre. Les pourparlers sont secrets. Et ils seront serrés. Lorsque le président Trump a demandé sur Twitter à ses 34 millions de lecteurs « s’il fallait quitter le TLCAN », le ministre mexicain de l’Économie, Ildefonso Guajardo, a répondu que « une négociation ne se réalisait pas en 142 caractères ». Pour le Mexique, « les négociations doivent être fondées sur un principe de souveraineté et de dignité nationale ».

Jac FORTON

 (1) ALENA en Français, TLCAN en Espagnol (Tratado de Libre Comercio de América del Norte) et NAFTA en Anglais (North America Free Trade Agreement).    (2) D’après un article de Maria Cristina Rosas, de l’Université nationale autonome de Mexico (UNAM), publié par ALAI le 14 octobre 2017.