Une anthologie bilingue du poète chilien Nicanor Parra vient de paraître

Les éditions du Seuil publient ce mois de juin Poèmes et antipoèmes et Anthologie 1937-2014 de Nicanor Parra, anthologie bilingue préfacée par le journaliste Philippe Lançon. Le choix des textes et l’édition ont été sous la responsabilité de Felipe Tupper, et la traduction de l’espagnol (Chili) par Bernard Pautrat avec la collaboration de Felipe Tupper, lui-même poète, écrivain et traducteur d’origine chilienne.

Nicanor Parra Sandoval, né à San Fabián de Alico, au sud de Santiago le 5 septembre 1914, est un poète, mathématicien et physicien chilien qui se présente lui-même comme un antipoète. Son œuvre a eu une influence profonde dans la littérature sud-américaine. Il est le seul survivant du trio de poètes le plus connu du Chili avec Pablo Neruda et Vicente Huidobro. C’est à lui que l’on doit la notion d’antipoésie, expression littéraire qui s’oppose aux canons traditionnels de la poésie. Une de ses œuvres les plus connues est Poemas y Antipoemas (Poèmes et Antipoèmes qui n’est toujours pas traduit en français), où il substitue à la syntaxe soignée et métaphorique (qui caractérise dans l’imaginaire commun la poésie) un langage direct et quotidien. Il remporte en 2011 le Prix Cervantes, distinction littéraire attribuée chaque année depuis 1976 par le ministère de la Culture espagnol. Nicanor Parra succède ainsi à quelques grands noms de la littérature hispanophone dont deux prédécesseurs chiliens, Jorge Edwards (prix 1999) et Gonzalo Rojas (prix 2003).

Une anthologie hors pair

Dans la collection « La librairie du XXIe siècle » dirigée par Maurice Olender, les éditions du Seuil viennent de publier une impressionnante anthologie du poète chilien Nicanor Parra qui aura en septembre 103 ans. Parra est mathématicien, professeur. C’est l’un des grands poètes sud-américains. On lui a donné le prix Cervantes en 2011, ça ne l’a pas tué. Quand il écrit, c’est sans perruque, pas sans mâchoire : ses dents montrent la joie, le rire, la grimace, le dentier, le cadavre. La conscience ordinaire, celle de l’homme de la rue et de son langage, trouve une expression lyrique. Le choix des textes et l’édition ont été réalisés par Felipe Tupper et la traduction par Bernard Pautrat avec la collaboration de Felipe Tupper que nous connaissons fort bien car il a été conseiller culturel à l’ambassade du Chili en 2010 à 2014.

Enfin l’anthologie est préfacée par le journaliste Philippe Lançon du journal Libération : « La poésie est un glissement de terrain, le lieu de la rise. C’est une ligne de rupture et un casse-tête. Casse-tête est le titre d’un vieux poème de Nicanor Parra, écrivain chilien de cent trois ans qu’une certaine colère poétique a conservé, comme si l’absence de compromis esthétique et sentimental était un gage de survie ».

Éditions du Seuil

L’anthologie de 710 pages a été éditée avec le soutien de la Maison de l’Amérique latine à Paris. 34 euros.