La Colombie au centre du dernier dossier d’Amnesty International France

Dans son magazine, La Chronique, Amnesty International fait le point de la situation actuelle en Colombie, presque six mois après la signature de l’accord de paix, où les familles des victimes de disparitions forcées continuent leurs recherches. Le Centre national de mémoire historique (CNMH) comptabilise 60 630 cas documentés de disparitions forcées entre 1970 et 2015 et les difficultés de la recherche persistent.

photo : Prensa Latina

La Chronique, le magazine d’Amnesty International France, consacre le dossier principal de son numéro de mai à la Colombie. Six mois après la signature de l’accord de paix entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et les Forces Révolutionnaires Armées de Colombie (FARC) – qui a mis fin à une guerre civile de 52 années entre les guérillas d’extrême gauche, l’armée et les groupes paramilitaires – le dossier fait le point de l’actuel contexte de transition vers la paix.

Le dossier comporte un reportage sur les familles de disparus en quête de la vérité qui demandent l’exhumation d’une décharge de gravats dans la Comuna 13, près de Medellín, soupçonnée d’être une emblématique fosse commune ; une interview avec Daniel Pécaut, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et spécialiste de la Colombie, sur les enjeux de la transition à la paix; une analyse de la situation après les accords de paix de 2016 et la mise en place d’une « justice transitionnelle », chargée durant les dix prochaines années d’élucider les crimes et juger leurs responsables.

Selon le registre unique national de victimes du conflit mis en place par le gouvernement, jusqu’au 1er mars 2017, le nombre de victimes du conflit depuis 1985 est de 8 374 463, dont près de 268 000 morts et plus de 7 million de déplacés. « Il est probable que le nombre de victimes augmente au fur et à mesure de la mise au jour de la vérité. Notamment le nombre de personnes victimes de disparitions forcées » affirme dans son analyse Anna Proenza, auteure du dossier.

C’est ceci le thème central du dossier : celui des personnes disparues durant le conflit et la souffrance de leurs familles dans la quête de localisation et identification. Dans une étude publiée en novembre dernier, le Centre national de mémoire historique (CNMH) comptabilise 60 630 cas documentés de disparitions forcées entre 1970 et 2015. Une recherche très difficile, Amnesty International le montre, compte tenu l’extension du conflit, la généralisation et barbarisation de la pratique à partir des années 1990 et même la géographie colombienne.

Le sujet est un exemple central de l’importance de la bonne conduction du processus de transition vers la paix qui va se suivre dans les prochaines années, qui devra apporter d’adaptations de la justice et des réformes. Une nouvelle phase qui apporte de considérables défis et des incertitudes.

Barbara D’OSUALDO