Une nouvelle rubrique de Latinos hebdo…

Latinos Hebdo inaugure cette semaine une nouvelle rubrique intitulée “Suivi de l’actualité” dans laquelle nous reprenons brièvement un sujet traité antérieurement dans nos colonnes dans le but de mettre nos lecteurs au courant de l’évolution de cette actualité ou de sa conclusion.

Brésil : le procureur ne trouve « aucune base légale » pour la destitution de la présidente Dilma Rousseff

[image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/Suivi1.jpg » /]

Suivi des articles parus dans les Latinos du 1er et 22 juin 2016.

Le procureur fédéral Ivan Claudio Marx, chargé de l’enquête sur les accusations de « crime de responsabilité » portées par des députés et des sénateurs de droite contre la présidente Dilma Rouseff, n’a trouvé “aucune base légale” à ces accusations. Il a déterminé que “la présidente n’a pas enfreint la loi dans sa gestion du budget national”. Le Brésil est donc dans la situation où une présidente démocratiquement élue et n’ayant commis aucun crime pourrait être destituée par des parlementaires corrompus : selon l’ONG Transparencia Brasil, 318 des 594 membres du Congrès font l’objet d’accusations de corruption. Le Sénat devrait ouvrir la procédure accusatoire devant décider de la destitution ou non de la présidente durant la deuxième quinzaine du mois d’août.

Chili : des ex-membres de la secte Colonie « Dignidad » invités par l’ambassade allemande lors de la visite du président Gauk

[image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/Suivi2.jpg » /]

Suivi de l’article paru dans l’Hebdo du 20 juillet 2016.

Le 12 juillet dernier, le président allemand Joachim Gauk s’est rendu dans la Colonie Dignidad, cette enclave d’une secte allemande dirigée par Paul Schäfer,  pour réaliser une sorte de mea culpa devant les victimes allemandes et chiliennes pour le manque de réaction de l’ambassade d’Allemagne devant les horreurs qui s’y sont passées de 1962 à 1990. Présent à cette cérémonie, le directeur du film Colonia, Florian Gallenberger a reconnu deux anciens membres de la Colonie, Reinhard Zeitner  et Hans Schreiber invités par l’ambassade comme victimes. Le ministère allemand des Relations Extérieures, embarrassé, a reconnu qu’il avait bien invité ces deux personnes car “il était parfois difficile de distinguer les bourreaux des victimes”. Zeitner a fait partie des enfants abusés avant de s’intégrer à la structure répressive de l’enclave. Il avait été condamné au Chili à 3 ans de prison pour rapt d’enfant. Schreiber était responsable du département juridique de la Colonie.

Paraguay : les paysans condamnés à Curuguaty demandent l’annulation du procès

[image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/Suivi3.jpg » /]

Suivi de l’article paru dans l’Hebdo du 20 juillet 2016.

En 2012, lors d’une action d’expulsion de 70 petits paysans par 300 policiers, une fusillade éclate provoquant la mort de 11 paysans et 6 policiers. En juillet 2016, quatre paysans sont condamnés de 18 à 35 ans pour la mort des policiers, et cinq autres à 4 ans pour “invasion de propriété d’autrui ”. Trois paysannes ont été condamnées à 6 ans pour complicité, car  “elles tenaient leur bébé dans les bras en première ligne… pour donner confiance aux policiers » et les “attirer dans le piège”. Les organisations paysannes et de femmes considèrent ces condamnations comme machistes car  “elles signifient que les femmes n’ont pas le droit de manifester” et que le message est “si les femmes s’organisent, elles iront en prison”. Aucun policier n’a été inquiété pour la mort des paysans.

Début août 2016, les avocats des paysans condamnés ont demandé l’annulation du procès car ils considèrent que le procureur n’a pas pu démontrer que ces paysans avaient tué les policiers et qu’il n’y a eu aucune impartialité dans le jugement puisque la mort de 11 personnes a été totalement ignorée. Le Haut commissaire des Nations unies pour les Droits humains, Zeid Ra’ad AlHusein, a manifesté sa “préoccupation” pour les condamnations.

Argentine : Un juge fédéral rejette la demande de réouverture d’un procès contre l’ex-présidente Fernández dans le dossier de la mort du procureur Nisman

[image align= »center » img= »http://www.espaces-latinos.org/wp-content/uploads/Suivi4.jpg » /]

Suivi de l’article paru dans l’Hebdo du 2 avril 2016.

L’accusation contre l’ex-présidente Cristina Fernández de Kirchner  et son ministre des Affaires étrangères, Héctor Timerman, considérait que le Memorandum d’entente entre l’Argentine et l’Iran, destiné à pouvoir interroger les Iraniens accusés de l’explosion de la Mutuelle juive AMIA à Buenos Aires, avait en fait pour but de protéger les accusés iraniens. Après avoir été rejeté par trois instances judiciaires pour « manque de preuves », le dossier Nisman  avait été « archivé » par le juge Daniel Rafecas. L’institution juive DAIA avait fait appel et demandait au juge Rafecas la réouverture de la procédure initiée par le procureur  Nisman en janvier 2015 quelques jours avant sa mort et dans laquelle il accusait l’ex-présidente de collusion avec l’Iran. L’opposition politique d’alors (aujourd’hui au pouvoir) et une partie du corps judiciaire accusèrent immédiatement Fernández d’avoir commandité l’assassinat du procureur. Douze médecins légistes et cinq criminalistes n’ont trouvé aucune preuve d’un meurtre et penchent plutôt vers un suicide. Depuis le changement de gouvernement, les partisans de la thèse du meurtre s’acharnent à vouloir rouvrir le dossier des accusations portées par Nisman ; la DAIA a déposé une demande de réouverture des accusations en vertu de “nouvelles informations”.

Le 5 août 2016, le juge fédéral Daniel Rafecas  rejetait une fois de plus ces arguments : “Les deux supposées nouveautés n’en sont pas. Le Memorandum n’est jamais entré en vigueur et l’ex-ministre des Affaires étrangères, Héctor Timerman, n’a jamais demandé à Interpol de révoquer les ‘alertes rouges’ [demande d’arrestation immédiate en cas de sortie desIraniens accusés de leur pays]… Le Memorandum peut être critiqué d’un point de vue géopolitique mais ne pourra jamais  être l’objet d’une accusation pénale… à moins d’aussi accuser les centaines de députés et sénateurs argentins qui ont voté en faveur de l’initiative, et l’ancien secrétaire général d’Interpol qui l’avait soutenue…”

La DAIA fait immédiatement appel, soutenue par l’ambassadeur d’Israël, Ilan Sztulman, pour qui “ce qu’a commencé le juge Nisman doit être continué”, c’est-à-dire que “les documents rédigés par le juge prouvent que l’Iran est derrière cet attentat”. L’ambassadeur concède quand même “qu’il s’agit là d’une procédure juridique interne à l’Argentine”.

Jac FORTON