Les films latinos annoncés pour le Festival de Cannes 2016

Jeudi dernier, lors de la conférence de presse, Pierre Lescure et Thierry Frémaux ont annoncé la sélection tant attendue des films en compétition lors du célèbre festival cannois. Ce mardi 19 avril, le délégué général Edouard Waintrop a annoncé la sélection de la Quinzaine des réalisateurs pour compléter la liste des films présentés à Cannes. Deux films chiliens, un de Pablo Larraín Neruda (photo à la une) et l’autre Poésie sans fin d’Alejandro Jodorowsky sont présent parmi les dix-huit long-métrages et onze courts sélectionnés.

La presse s’est fait l’écho des anciens  primés en compétition pour le prochain festival de Cannes qui se déroulera du 11 au 22 mai prochains. Sont sélectionnés quatre anciens vainqueurs : les Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne (Palme en 1999 et 2005 – 7e participation), le Roumain Cristian Mungiu (Palme en 2007 – 3e participation) et l’Anglais Ken Loach (Palme en 2006 – 13e participation).

Neuf cinéastes déjà primés seront aussi en compétition : l’Américain Jim Jarmusch (7e participation), l’Espagnol Pedro Almodovar (5e participation), le Français Olivier Assayas (5e participation), le Danois Nicolas Winding Refn (3e participation), l’Anglaise Andrea Arnold (3e participation), le Coréen Park Chan-wook (3e participation), le Français Bruno Dumont (3e participation), le Philippin Brillante Mendoza (3e participation) et le Canadien Xavier Dolan (2e participation). Est aussi en lice pour la 3e fois la Française Nicole Garcia, et pour la seconde fois l’Américain Jeff Nichols, son compatriote Sean Penn et le Hollandais Paul Verhoeven (de retour pour la première fois depuis 1992 et Basic Instinct).

Débutent l’Allemande Maren Ade, le Roumain Cristi Puiu, le Français Alain Guiraudie et le Brésilien Kleber Mendonça Filho avec Aquarius. Très remarqué en 2012 avec son premier long métrage, Les bruits de Recife, que nous avions apprécié, ce sera le seul latino en compétition. La France occupe une belle place avec quatre films sélectionnés. Dans la section officielle Un certain regard, parmi les 17 films annoncés sera présenté un premier film argentin : La larga noche de Francisco Sanctis de Francisco Márquez et  Andrea Testa.

Parmi les 10 courts-métrages ont été sélectionnés : Madre de Simon Mesa Moto (Colombie-Suède) et A moça que dançou com o diabo (La jeune fille qui dansait avec le diable), Brésil, de João Paulo Miranda Maria. A cela s’ajoute à la Cinéfondation, trois films d’école, parmi les 18, La culpa probablemente de Michael Labraca (Venezuela), Las razones del mundo  d’Ernesto Martinez Bucio (Mexique) et Business de Malena Vain (Argentine).

Alain LIATARD

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C’est en 1969 qu’a lieu la première Quinzaine des réalisateurs, sous la houlette de Pierre-Henri Deleau et du slogan “Le cinéma en liberté”. Marchant dans les traces de mai 68, ce slogan renvoie à l’état d’esprit de ce nouveau festival, en marges du festival de Cannes : les films naissent libre et égaux entre eux. Dès lors, ses objectifs n’ont cessés d’être de faire connaitre de nouveaux talents, de nouveaux films, sans obligation. Comme le dit son délégué général actuel, Edouard Waintrop, “la Quinzaine des Réalisateurs est la plus libre des sections cannoises”.

Le même Edouard Waintrop a annoncé mardi matin, à 11 heures, les noms sélectionnés pour la 47e édition de la Quinzaine lors de la conférence de presse au Forum des Images qui faisait écho à celle de Pierre Lescure et Thierry Frémaux. Comme il l’explique, cette année, “il y a le dialogue entre des maîtres, Jodorowsky, Bellocchio, et des jeunes”.

Le chilien Alejandro Jodorowsky, 87 printemps, est donc l’un des grands noms de ce festival, avec le long-métrage Poesia sin fin. Ce film dresse le portrait de Jodorowsky lorsqu’il était jeune adulte, dans les années cinquante, vivant dans la capitale chilienne, au contact de la bohème de l’époque. C’est à cette période qu’il décide de devenir poète et qu’il commence à fréquenter Enrique Lihn, Stella Diaz Varín, Nicanor Parra, des jeunes poètes prometteurs de l’époque qui deviendront par la suite les grands noms de la littérature d’Amérique latine. “Poesia sin fin est un récit d’expérimentation poétique ; l’histoire d’un jeunesse unique qui a vécu comme peu avant eux avaient osé le faire : sensuellement, authentiquement, follement”.

Cette œuvre dialoguera avec Neruda de son compatriote Pablo Larraín, réalisateur dont la presse a beaucoup parlé suite à la sortie de son film sponsorisé par les frères Almodovar, El Clan. Son nouveau long-métrage s’intéresse à la vie de Pablo Neruda, poète et écrivain chilien, figure légendaire qui obtint le Prix Nobel en 1971. Il est aussi connu pour avoir été un grand diplomate et un homme politique qui a travaillé afin d’instaurer une justice sociale en Amérique latine. C’est l’acteur Luis Gnecco qui interprétera cette personnalité historique quant Gael García Bernal endossera le rôle le chef de police à ses trousses après que Neruda est ouvertement condamné l’emprisonnement de mineurs chiliens en grève. C’est sur cette période, de 1946 et 1948, particulièrement dure pour le poète qui fut contraint à l’exil, que se concentre le film. No ou El Clan, ses précédents films, furent acclamés par la critique. Nul doute que Neruda prendra le même chemin, confortant Pablo Larraín dans son rôle de relève du cinéma chilien.

Bien que l’Italie soit le pays à l’honneur de cette édition 2016, la Quinzaine des réalisateurs reste fidèle aux réalisateurs latino-américains avec deux films provenant d’Amérique latine sur 18 films au total. Il ne reste plus qu’à attendre la fin du mois de mai pour savoir qui sortira gagnant de la compétition, en rappelant que l’an dernier, Allende, mi abuelo Allende, de Marcia Tambutti Allende, reçut l’Oeil d’Or.

Victoria PASCUAL

Site du festival de Cannes – Site de la Quinzaine des réalisateurs