Le film “Mirage d’amour avec fanfare” basé sur un roman de l’écrivain chilien Hernán Rivera Letelier en salle

Après de nombreuses années d’attente et un projet qui a traversé de nombreuses difficultés, le film Mirage d’amour avec fanfare sort enfin en salles. Critique d’un film qui se présente comme un long mirage, qui garde ses distances et ne remporte pas les suffrages de la profession.

Mirage. Le mot a toute son importance. On entend parler de ce film depuis tellement d’années qu’on pouvait parfois douter de son existence réelle. Il y a huit ans de ça, Bernard Giraudeau avait le projet de tourner un film, Mirage d’amour avec fanfare. On s’en souvient à cause de la “fanfare”, le film était alors produit par Hubert Toint, auteur d’un court-métrage mémorable Trombone en coulisses. Il y a 34 ans, Marie Gillain affirmait l’avoir tourné. Giraudeau étant décédé, le producteur Hubert Toint était alors passé derrière la caméra. De temps en temps, la rumeur annonçait sa sortie et puis plus rien. Le voila enfin sur les écrans, ce film belge tourné dans le désert d’Atacama : Mirage d’amour. La fanfare s’était-elle barrée, entre-temps ?

Revenons au Chili. On est bien au cinéma, on voit les décors, les costumes, les figurants, les effets spéciaux ferroviaires et même la fausse moustache de Jean-François Stévenin. Ce qui surprend, c’est l’absence de tension, ni dramatique, ni sentimentale, ni esthétique. Les scènes s’écoulent sans enjeu. Marie Gillain veut faire croire qu’elle est amoureuse d’un trompettiste; son papa, le coiffeur, complote avec des potes, mais ça ne prend pas.

Année 1929, dans le désert d’Acatama, au nord du Chili se trouve Pampa-Terminal, une petite ville minière dans laquelle vivent des ouvriers de la mine, des cadres et quelques familles. Il y a une pharmacie, un théâtre ouvrier, une boulangerie, une boucherie et des bordels. Dans le cinéma de la ville, Hirondelle Rivery del Rosario accompagne des films muets au piano. Elle vit chez son père, Alexandre Rivery, un barbier anarchiste, d’origine française, qui organise des réunions syndicales dans son salon de coiffure. Hirondelle, responsable de la fanfare d’accueil pour l’arrivée du président chilien, va faire la connaissance du trompettiste Bello Sandalio. Cette rencontre improbable débouchera-t-elle sur l’amour, celui qui rend heureux à jamais ?

« À l’origine, dit le réalisateur Hubert Toint, il s’agit d’une histoire d’amitié entre Bernard Giraudeau et Osvaldo Torres, un Chilien exilé en France. Lors de la Fête de l’Humanité, Osvaldo qui est un chanteur engagé et ancien résistant à la dictature de Pinochet, est invité à chanter. Derrière la scène, il tombe nez à nez avec Bernard qui lui propose de réciter des poèmes sur sa musique. Osvaldo l’a accompagné sur scène à la guitare. Bernard est parti au Chili où il a réalisé un documentaire, Mon ami chilien, sur Osvaldo. »

Bernard Giraudeau (1947-2010) décide de faire l’adaptation du roman chilien Mirage d’amour avec fanfare de Hernán Riviera Letelier écrit en 1998 et publié en France en 2010. Il souhaite le réaliser mais tombe malade et doit se retirer du projet qui est alors proposé à Bernard Rapp. Celui-ci décède quelques mois plus tard. Le coproducteur belge, Hubert Toint, qui avait trouvé les financements, décide de le tourner lui-même.

“Les romans de Riviera Letelier se déroulent dans des lieux qui n’existent plus, comme les mines de salpêtre, fermées dans les années 1960, poursuit le réalisateur. Il y a de nombreuses villes fantômes au nord du Chili. Humberstone, classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco, était bien conservée. Nous avions ce qu’il fallait pour tourner sur place. Humberstone se situe sur la Pampa chilienne et je voulais placer la ville du film dans un environnement de montagnes pour qu’on ait le sentiment d’un endroit perdu, comme venu d’une autre planète. J’ai alors trouvé Potrerillos, une mine de cuivre encore en activité à 500 km de là et à 3200 mètres d’altitude ».

On sent qu’il manque dans le film la patte d’un vrai réalisateur. Les acteurs ne sont pas très bien dirigés. Marie Gilain et Jean-François Stevenin n’arrivent pas vraiment à entrer dans leurs personnages. Par contre, les mouvements de foule sont intéressants et les images de Carlo Varini (1946-2014), dont c’est le dernier film sont remarquables. Il avait été nommé au César de la meilleure photographie pour Subway, en 1986, et pour Le Grand bleu, en 1989, deux films de Luc Besson avec qui il avait souvent travaillé.

Alain LIATARD

Voir la bande-annonce du film. – Présentation du livre
Photo : Allociné