Visite historique de Barack Obama à Cuba fin mars

Le président des États-Unis, Barack Obama, a annoncé jeudi dernier qu’il se rendrait à Cuba les 20, 21 et 22 mars prochains afin de rencontrer des membres de la société civile et d’aborder avec les autorités cubaines la question des droits de l’Homme. Une rencontre avec le chef d’État cubain, Raúl Castro, est prévue.

Le voyage de Barack Obama en mars prochain à Cuba est historique. En effet, la dernière visite sur l’île d’un président des États-Unis en exercice remonte à 1928, avec celle de Calvin Coolidge. Depuis la révolution castriste de 1959, aucun chef d’État américain n’avait souhaité fouler le sol cubain. Et pour cause, s’opposant fermement aux violations des droits de l’Homme perpétrées sur l’île, le président américain John F. Kennedy lui avait imposé un embargo en 1962, renforcé plus tard par des lois restrictives (loi Torricelli, 1992 et loi Helms Burton, 1996), ce qui avait totalement durci les relations diplomatiques et commerciales entre les deux pays.

Les tentatives d’un rapprochement

Cette visite de deux jours de Barack Obama à Cuba en mars illustre bien la volonté d’un rapprochement entre les deux pays, ternis par des décennies de tensions. L’amélioration des relations entre Cuba et les États-Unis a constitué un objectif majeur pour les présidents précédant Obama. En 1998, Bill Clinton avait affirmé que Cuba ne constituait plus une menace pour le géant américain et avait assouplit l’embargo, permettant ainsi aux exportations américaines de reprendre de manière considérable vers l’île (2000). En 2002 et 2006, George W. Bush avait quant à lui fait plusieurs propositions pour arrêter l’embargo, et même si, à ces dates, les États-Unis étaient devenus les premiers fournisseurs de produits alimentaires de Cuba, la coopération entre les deux pays, notamment dans les domaines scientifique et universitaire, avait été nettement freinée.

En 2009, Barack Obama a incité une nouvelle fois le Congrès à assouplir l’embargo imposé sur l’île. Il fait voter l’autorisation pour les citoyens américains d’origine cubaine à se rendre à Cuba et annonce la fin des restrictions sur les voyages et les transferts d’argent des Américano-Cubains vers l’île, même s’il maintient l’interdiction d’envoyer de l’argent à des membres de la fonction publique ou de l’armée cubaine. Enfin, en 2011, il autorise par ordre exécutif les résidents américains à voyager à Cuba et augmente le plafond d’investissement dans le pays.

“Todos somos americanos”

Bien que les liens commerciaux entre les deux pays aient repris depuis un certain temps déjà, les relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis sont un peu plus en reste. En effet, cela fait seulement deux ans que les deux pays se reconnaissent mutuellement. En décembre 2014, Washington et La Havane ont annoncé vouloir rétablir leurs relations diplomatiques et Barack Obama, après s’être entretenu avec Raúl Castro, s’est exclamé depuis la Maison Blanche : “todos somos americanos” (“nous sommes tous américains”), annonçant le commencement d’ “un nouveau chapitre” avec Cuba. Quelques mois plus tard, en juillet 2015, le secrétaire d’État américain John Kerry s’est rendu à la Havane pour la réouverture de l’ambassade des États-Unis à Cuba.

L’évocation des droits de l’homme

En se rendant à La Havane, Barack Obama espère normaliser les relations entre les deux pays et renforcer les liens qui unissent les deux peuples. Il ajoute que les États-Unis continue leur engagement dans la défense des valeurs universelles et affirme que c’est sous cet angle qu’une amélioration des conditions de vie des Cubains pourra être envisagée. Le Président américain entend donc aborder avec les autorités cubaines et la société civile la question fondamentale des droits de l’Homme et la démocratie, qui font encore aujourd’hui sérieusement défaut sur l’île.

Les Américano-Cubains sceptiques ?

À l’annonce de cette visite, de nombreuses réactions ont éclaté dans le camp républicain à l’approche de l’élection présidentielle de novembre prochain. Candidat à la Maison Blanche, Marco Rubio, né à Miami de parents cubains, a d’ailleurs annoncé qu’il ne se rendrait pas sur l’île tant qu’elle ne serait pas “libre”, qualifiant le régime de La Havane de “dictature communiste anti-américaine”. Notons par ailleurs que parmi les Cubains installés aux États-Unis, les premiers émigrés politiques de la révolution castriste ont tendance à se montrer sceptiques, alors que les générations plus récentes d’émigrés cubains ont conservé de solides liens avec leur pays d’origine et se montrent plutôt favorables à un dégel des relations entre les deux pays.

Mara KOLB

Photo : (CC) DC blog