Affaire Petrobras : Garde à vue de l’ex-président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva

Vendredi dernier, l’ex-président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a été placé en garde à vue par la police fédérale brésilienne, afin d’être interrogé sur son implication dans l’affaire Petrobras. Lancée en 2014, l’opération baptisée “Lavage rapide” (“Lava Jato”) vise à enquêter sur ce vaste réseau de corruption au sein de l’entreprise pétrolière contrôlée par l’État, Petrobras, qui a fait perdre plus de 2 milliards de dollars à la compagnie.

L’ex-président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, se trouve au cœur de la tourmente. Son domicile, situé à São Paulo, a fait l’objet d’une perquisition vendredi dernier et il a lui-même été placé en garde à vue par les autorités brésiliennes qui affirment détenir des éléments prouvant son implication dans l’affaire Petrobras. Le procureur chargé de l’enquête a fait savoir que l’ancien chef d’État aurait perçu de manière frauduleuse des avantages de la part de plusieurs entreprises de BTP (Bâtiment et Travaux Publics) liées à Petrobras. Ces faveurs, qui s’élèveraient à environ sept millions d’euros, auraient été transmises par le biais de la rénovation d’un appartement triplex situé dans la cité balnéaire de Guaruja, et d’une maison de campagne dans la ville d’Atibaia. Luiz Inacio Lula da Silva a nié ces accusations, réfutant être le propriétaire de ces biens immobiliers. Après avoir été entendu pendant environ trois heures par la police fédérale, l’ancien président brésilien s’est rendu au Parti des travailleurs et a ensuite donné une brève conférence à la presse, dans laquelle il a dénoncé l’action “arbitraire, illégale et injustifiable” de la police dans cette enquête.

Des accusations en cascade

La dénonciation d’implication de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva dans le scandale Petrobras s’inscrit dans un phénomène plus large d’accusations portées à l’encontre de personnalités politiques brésiliennes. Jeudi dernier, déjà, la déclaration du sénateur Delcidio do Amaral, qui avait fuité dans la presse, a poussé la Cour suprême à ouvrir une enquête : il accusait l’actuelle présidente du Brésil, Dilma Rousseff, d’avoir manipulé l’enquête sur Petrobras en nommant un juge pour libérer des industriels détenus. Le sénateur, lui-même arrêté en novembre dernier pour corruption, aurait fait cette déclaration dans le cadre d’un accord de réduction de peine, mais il a depuis démenti avoir tenu ces propos à la presse.

Par ailleurs, la Cour suprême a ouvert un procès sur l’ancien président de l’Assemblée du Brésil, Eduardo Cunha, accusé d’avoir reçu cinq milliards de dollars de pots-de-vin pour favoriser un contrat avec Petrobras et de faire de l’évasion fiscale en Suisse. L’ancien gouverneur de São Paulo, Paulo Maluf, a également été mis en cause dans l’affaire Petrobras. Depuis 2014, le juge Sergio Moro et la police fédérale travaillent conjointement sur cette affaire de corruption qui lie certains partis politiques aux géants brésiliens du BTP. Aujourd’hui, Luiz Inácio Lula da Silva est soupçonné d’avoir été au courant de ces différentes malversations et dessous de tables, qui ont eu lieu sous son mandat présidentiel, entre 2004 et 2014.

Mara KOLB

Photo : (CC) Gustavo Ferreira / MRE