François Hollande en Argentine, Pérou et Uruguay

Après la visite officielle du chef d’État cubain, Raúl Castro, en France le 1er février dernier, François Hollande témoigne une nouvelle fois de son souhait de renforcer les relations entre la France et l’Amérique latine en se rendant le 23 février prochain en Argentine, au Pérou et en Uruguay. Lors de cette visite, le chef d’État français rencontrera le nouveau président élu d’Argentine, Mauricio Macri, ainsi que ses homologues péruvien et uruguayen, Ollanta Humala et Tabaré Vázquez.

Rappelons-nous, la politique de la France à l’égard de l’Amérique latine avait été présentée comme un axe prioritaire au début du quinquennat de François Hollande, alors qu’elle avait été auparavant délaissée des priorités diplomatiques et économiques de la politique étrangère française. François Hollande a effectué il y un peu moins d’un an, du 8 au 12 mai 2015, un voyage dans les Antilles (notamment en Haïti et à Cuba) et plusieurs visites en Amérique latine entre 2012 et 2015, en particulier au Mexique et au Brésil. Notons également que nombreux ont été les chefs d’états latino-américains à se rendre à Paris depuis 2012 : Ollanta Humala (Pérou), Dilma Roussef (Brésil), Evo Morales (Bolivie), Cristina Kirchner (Argentine)… Ces visites avaient pour objectif, dans la plupart du temps, de renforcer les échanges commerciaux entre la France et les pays de cette région, mais aussi de discuter de certaines questions fondamentales liées à l’éducation, la défense, la sécurité, les énergies, les technologies, l’agroalimentaire, etc.

Nouveau rendez-vous présidentiel entre la France et le Pérou

François Hollande débutera son périple sud-américain au Pérou, où il sera reçu par le chef d’état Ollanta Humala, qu’il a déjà rencontré à plusieurs reprises depuis le début de son quinquennat. En novembre 2012, le président péruvien et François Hollande avaient décidé un partenariat bilatéral entre les deux pays. Ollanta Humala s’était même adressé personnellement aux représentants du MEDEF afin de les inviter à investir dans son pays. Moins d’un an plus tard, c’est de manière informelle que le chef d’État péruvien était retourné en France afin de rencontrer à nouveau François Hollande, visite qui avait suscité une vive polémique au Pérou du fait de son caractère inattendu. Enfin, la dernière rencontre en date des deux chefs d’État remonte à juillet 2014 en France. François Hollande y avait reçu son homologue péruvien afin de poursuivre et de renforcer la relation bilatérale entre les deux pays, notamment dans les domaines de l’économie, de la mobilité étudiante, de la coopération en matière de défense et de sécurité, mais aussi afin de préparer les conférences sur le climat de Lima (COP 20 en 2014) et de Paris (COP 21 en 2015). En février prochain, François Hollande se rendra à son tour au Pérou en réponse à l’invitation de Ollanta Humala. Cette nouvelle rencontre sera l’occasion de réaffirmer la coopération entre les deux pays, déjà profondément unis dans plusieurs domaines.

Première rencontre entre Hollande et le nouveau président argentin

François Hollande rencontrera ensuite Mauricio Macri, le nouveau président argentin investi de ses fonctions le 10 décembre dernier. François Hollande témoigne ainsi de sa volonté de s’entretenir avec le nouveau chef d’État argentin, dont la ligne politique, plutôt inscrite à droite, s’éloigne de manière significative de celle de Cristina Kirchner, la présidente sortante. François Hollande, qui avait adressé ses félicitations à Mauricio Macri à la suite de son investiture, entend par cette première rencontre approfondir les relations bilatérales entre les deux pays, historiquement liés dans les domaines économiques et culturels. Lors de cette entrevue, les deux chefs d’État travailleront ensemble sur les perspectives de coopération économique, sociale et culturelle entre la France et l’Argentine, mais ils aborderont également la question environnementale (Veolia a signé un contrat en 2014 pour aider Buenos Aires à collecter les déchets de la municipalité pendant 10 ans) et les problématiques liées à la sécurité, le maintien de la paix et la lutte contre le terrorisme. François Hollande avait d’ailleurs sollicité Mauricio Macri en décembre dernier pour continuer à travailler ensemble pour la défense des droits de l’homme, thème qui tient particulièrement à cœur au nouveau président argentin qui s’était vivement prononcé en faveur du retrait du Venezuela du Mercosur en raison des abus et des répressions commis contre les opposants du gouvernement de Nicolás Maduro. Cette première rencontre diplomatique sera aussi l’occasion de parler d’économie, puisque Mauricio Macri entend ouvrir davantage son pays aux échanges internationaux et favoriser ainsi une économie moins protectrice, ce qui pourrait fortement intéresser la France, désireuse de participer au développement des économies d’Amérique latine.

Consolidation des accords entre la France et l’Uruguay

Le voyage de François Hollande à Montevideo, qui n’était au départ pas prévu mais qui a récemment été confirmé par l’ambassadeur uruguayen en France, Guillermo Dighiero, aura pour objectif de sceller les accords entre la France et l’Uruguay à propos de la vente de bateaux et d’hélicoptères à l’Uruguay. Le président uruguayen, Tabaré Vázquez, qui s’était rendu en France en octobre dernier, accueillera François Hollande en février prochain afin de discuter de cette opération. À l’Uruguay, qui est entré pour deux ans au Conseil de Sécurité de l’ONU en janvier 2016, François Hollande avait promis d’apporter expertise et coopération. Lors de la dernière rencontre présidentielle entre François Hollande et Tabaré Vázquez, des accords de coopération dans le domaine de l’économie et de la défense avaient été signés à l’Élysée. Ce sera, à la fin du mois de février prochain, l’occasion de concrétiser ces accords et de renforcer ostensiblement les relations entre les deux pays.

Le voyage officiel de François Hollande ne durera que quelques jours mais il sera l’occasion de réaffirmer clairement la volonté de la France d’être présente en Amérique latine.

Mara KOLB