La France s’apprête à porter “un nouveau regard” sur l’Amérique latine

20 janvier 2016 – La France s’apprête à porter un “nouveau regard” sur l’Amérique latine et ainsi concrétiser un rapprochement, qui devrait être annoncé par François Hollande dans un discours prévu en octobre.

Dans une interview donnée à l’Élysée à l’EFE, la principale agence de presse espagnole, l’envoyé personnel de François Hollande pour l’Amérique latine, Jean-Pierre Bel, explique que ce changement d’orientation résulte du constat que l’Union européenne, et la France en particulier, ne regardait ce continent que de loin, et n’entretenait pas de relations bilatérales suffisamment profondes.

“Nous n’allons pas nous comparer à l’Espagne ou au Portugal, dont on connait l’histoire et les origines, mais la France a eu une réelle influence sur ce continent, en particulier avec les valeurs de la Révolution française et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen”, a-t-il souligné. Cet héritage peut facilement se voir au travers des drapeaux de nombreux pays (bleu, blanc, rouge, comme en France), ou des hymnes nationaux inspirés de La Marseillaise, a-t-il ajouté. Selon Jean-Pierre Bel, ex-président du Sénat nommé il y a un an pour cette nouvelle mission, la France s’est beaucoup éloignée de l’Amérique latine depuis la visite historique de Charles de Gaulle en 1964. “On ne peut pas dire qu’on aime un continent ou un pays, sans donner des preuves de cet amour”, a-t-il dit. En conséquence, après avoir consulté des intellectuels et des chefs d’entreprises, François Hollande a prévu de présenter, en fin d’année, un discours structuré et fondateur d’une relation entre la France et l’Amérique latine afin de montrer son engagement avec une région de paix, qui connaît quelques difficultés économiques aujourd’hui, mais où la démocratie progresse. Auparavant, le président français recevra le 1er février le président cubain, Raúl Castro, et se rendra fin février en Argentine, en Uruguay et au Pérou.

Cuba

Jean-Pierre Bel a souligné qu’après l’accord des pays créanciers avec Cuba destiné à alléger une partie de la dette, il était temps d’entrer dans une “nouvelle ère” des relations avec l’île, avant que les États-Unis n’accaparent toute l’attention de leurs voisins cubains. “Il faut comprendre que Cuba a une importance qui va bien au-delà de sa démographie et de sa géographie. C’est un peu la clé de voûte, la porte d’entrée en Amérique latine”.

Argentine

Au sujet de l’élection du nouveau président argentin Mauricio Macri, Jean-Pierre Bel est confiant dans le fait que cela va permettre au pays de faire face aux difficultés financières en s’ouvrant davantage aux marchés internationaux, dans une économie moins protégée, qui nous permettra de les soutenir dans leur développement. Bien qu’il ait évité de juger le changement de bord politique du gouvernement argentin, il a reconnu que l’ex-présidente Cristina Fernández avait des priorités un peu différentes dans ses relations extérieures.

Venezuela

Quant au Venezuela, Paris se dit très attentif à l’évolution des événements, dans le respect de chaque pays et avec la volonté de ne pas s’ingérer dans les affaires vénézuéliennes. Il a écarté l’idée qu’il y ait en ce moment une alerte spéciale à propos de la situation des entreprises françaises présentes au Venezuela, en particulier la firme pétrolière Total, mais a néanmoins reconnu qu’il y avait encore quelques difficultés à résoudre pour d’autres compagnies françaises. “Nous sommes satisfaits que le processus électoral se soit déroulé dans de bonnes conditions”, a-t-il déclaré, avant de préciser qu’il n’y aurait plus désormais à choisir son camp, mais à aider le Venezuela à passer cette période difficile.

Colombie

Jean-Pierre Bel a rappelé le grand effort qui attend la Colombie pour un retour à la normale, sans que les victimes du conflit se sentent abandonnées, et pour qu’il y ait une reconnaissance des crimes commis. À ce sujet, le président colombien, Juan Manuel Santos, a reconnu, lors de sa visite en France il y a un an, que la gendarmerie française était un modèle très important pour la sécurité rurale dans le processus de consolidation de la période post-conflictuelle. “Nous coopérons sur ce sujet – a dit Jean-Pierre Bel -, mais dans le respect du pays. Nous sommes très attentifs aux demandes de Juan Manuel Santos, les liens entre nos deux pays s’étant beaucoup renforcés. Nous sommes ici pour aider et entendre les besoins de ce pays”.

Mexique

La France participera aussi à la formation de la gendarmerie mexicaine, la sécurité étant un des problèmes majeurs du Mexique, pays avec lequel “les relations n’ont jamais été aussi bonnes”. “Aujourd’hui il n’y a aucune ombre à l’horizon et nous pouvons développer les relations commerciales (…) Nous souhaitons aller plus loin. Il y a un projet de Maison du Mexique à Paris qui verra bientôt le jour, je l’espère, et qui sera la concrétisation de cette relation”, a-t-il dit.

Traduit par
Catherine Traullé

D’après l’article de El Nacional Caracas (Venezuela)