Augusto Pinochet Molina, petit-fils du dictateur, crée un parti politique

Augusto Pinochet Molina, fils d’Augusto Pinochet Hiriart, lui-même fils aîné d’Augusto Pinochet Ugarte, dictateur du Chili pendant dix-sept ans (1973-1990) défend fermement « les réussites du gouvernement militaire » de son grand-père dictateur décédé le 10 décembre 2006. La preuve : il vient de créer un parti politique appelé « Ordre républicain, ma patrie », « une droite plus à droite, sans honte… », une suite logique à la fondation, il y a six ans, de son mouvement « Pour ma Patrie ».

Pinochet Molina, 34 ans, surnommé Pinochet III, n’est pas un inconnu pour l’opinion publique. Partisans ou ennemis du dictateur se souviennent qu’en 2006, lors de la cérémonie d’incinération du dictateur, il avait, en grand uniforme (il était capitaine de l’armée), rendu un inattendu mais vibrant hommage à son grand-père : « C’est l’homme qui, en pleine guerre froide, a vaincu le modèle marxiste qui voulait imposer son modèle totalitaire par la voie armée au Chili… » Et d’accuser les juges : « Sa bataille la plus dure fut durant sa vieillesse, lorsqu’il fut harcelé par des juges plus intéressés par la publicité que par la justice… » Ces déclarations lui valurent d’être expulsé de l’armée car, selon la présidente Michelle Bachelet, « lors d’un acte institutionnel [militaire], cet officier, sans autorisation de ses supérieurs, a pris la parole pour attaquer un pouvoir de l’État et des secteurs de la société chilienne ce qui constitue une faute très grave de discipline ».

Pour les élections présidentielles et législatives de 2013, Pinochet III avait présenté sa candidature pour être député pour le parti Avanzada Nacional à Concepción, région de Bío Bío (500 km au sud de Santiago). Ce parti est bien connu de ceux qui luttèrent contre la dictature. En effet, profondément pinochétiste et créé vers la fin des années 80 début des années 90, il dut être mis au frigo lorsqu’on découvrit qu’il s’agissait d’une création de la CNI, la police secrète de Pinochet, et que son président était Álvaro Corbalán, un major de l’armée, en prison actuellement pour tortures et assassinats commis pendant la dictature. (Pinochet III ne fut pas élu).

Le petit-fils du dictateur estimait que le gouvernement conservateur du président Sebastián Piñera (2010-2013) « s’était beaucoup éloigné de la ligne politique de droite, qu’il avait dérivé vers la gauche… » L’idée est donc de créer un nouveau parti de droite. Dans une entrevue à la revue chilienne The Clinic (1), il a précisé les grands axes de son programme : « Le respect de la propriété privée et l’adhésion à l’économie de marché, la reprise des idéaux du programme du gouvernement militaire qui ne fut pas une dictature ». Le nouveau parti, qui affirme avoir déjà récolté 20 000 adhésions dans la région du Bío Bío, devrait être officiellement lancé le 25 novembre 2014, jour de l’anniversaire 99 du dictateur Pinochet.  On ne lui souhaite pas bonne chance.

Jac FORTON

(1) Une revue satirique, comme le Canard Enchaîné, qui a repris son titre du nom de la clinique dans laquelle Pinochet I fut arrêté lors de son séjour à Londres en octobre 1998, dans son édition en ligne du 9 mai 2013.