Première Conférence mondiale sur les Peuples indigènes aux Nations unies

Inaugurée fin septembre par Evo Morales, président de la Bolivie, et Ban Ki-Moon, secrétaire-général des Nations unies, la Conférence réitère les droits des peuples indigènes et, dans un ‘Document’, appelle les États à consulter ces peuples avant de réaliser tout projet qui affecte leurs terres.

Près de 400 millions de personnes provenant de 5 000 groupes ethniques composent les peuples indigènes dans le monde. Plus de 45 millions répartis en 826 peuples vivent en Amérique latine. La Conférence s’est penchée sur leurs problèmes en particulier la santé, l’éducation, le logement, l’accès à l’eau et, surtout, la propriété de la terre. C’est en quelque sorte une continuation de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples indigènes de 2007.

Lors de l’inauguration, le président bolivien, Evo Morales, rappelle que « Les principes fondamentaux du mouvement indigène sont la vie, la Mère Terre et la paix. Ces principes sont constamment menacés par un systèm et, un modèle : le système capitaliste et le modèle de comment en finir avec la vie et la Mère Terre… Nos peuples nos nations, ne peuvent plus être gouvernés par des banquiers ou les entreprises transnationales… »

 La Conférence a produit un « Document » qui, présenté à l’Assemblée générale des Nations unies, a reçu l’approbation de 190 pays ! Le texte établit clairement « le droit au consentement libre, anticipé et informé » ce qui signifie que les États doivent recevoir l’accord de leurs peuples avant toute décision qui pourrait les affecter.

Le Point 6 du Document appelle les États à respecter la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail sur les Peuples indigènes et tribaux. Le Point 20 rappelle « les engagements contractés par les États d’organiser des consultations et de coopérer de bonne foi avec les peuples indigènes afin d’obtenir leur consentement libre et informé avant d’approuver tout projet qui affecte leurs terres ou leur territoire ». Le Point 24 « rappelle aux entreprises multinationales ou autres qu’il est de leur responsabilité de respecter les lois internationales applicables ».

 Pour Victoria Tauli Corpuz, la nouvelle rapporteur spéciale des Nations unies sur les droits des peuples indigènes, « la Conférence est un grand pas en avant ». James Araya, son prédécesseur, regrette que « un des principaux obstacles à l’accomplissement de ces droits est l’ignorance des fonctionnaires publics nationaux ». Le Haut commissaire des Nations unies pour les droits humains, Zeid Ra’ad al Hussein, rappelle que « les engagements qui s’adoptent aux Nations unies doivent s’appliquer au niveau national » et exige que « se termine la répression envers les défenseurs des terres et des droits des peuples indigènes ». La Prix Nobel de la Paix guatémaltèque Rigoberta Menchú rend hommage « aux milliers d’indigènes qui ont perdu la vie dans leurs luttes pour leurs droits » et appelle à « une lutte frontale contre le racisme et la discrimination ».

 Le Document n’est pas d’application obligatoire, ce qui permet à de nombreux États signataires de ne pas respecter ses recommandations ! Cela a poussé les dirigeants indiens à demander qu’il soit élevé au statut de « convention », ce qui le rendrait d’application obligatoire par les États. Car s’il est facile de signer un Document aux Nations unies, mettre ses recommandations en pratique chez soi demande une volonté politique que peu de gouvernements sont prêts à montrer… La lutte pour le respect des droits des indigènes est loin d’être terminée.

Jac FORTON