Faits latinos du 1er au 9 Janvier

1er  janvier – BOLIVIE – Le ministre de la Présidence, Juan Ramón Quintana, a soutenu activement les efforts du président Evo Morales pour inclure la Bolivie dans le Rallye Dakar 2014. La septième et la huitième étapes se dérouleront entre le 12 et 13 Janvier de Salta, en Argentine, à Uyuni, en Bolivie, puis jusqu’à Calama, au Chili. Mais le Conseil national des Aymaras et Markas de Qullasuyu (CONAMAQ) a tenu une réunion pour élire une nouvelle autorité suprême (« apu jilliri mallku« ), charge qui est revenue à Freddy Barnabas, un inconnu lié au Mouvement vers le socialisme (MAS, parti de Morale) et comme le siège CONAMAQ à La Paz est sous la garde de la police, les dirigeants de CONAMAQ et les Indiens Aymara ont déclaré une grève de la faim et brandissent la menace de bloquer le Dakar pour le retour de son siège à La Paz. La CONAMAQ a actuellement deux directions rivales, l’une proche du gouvernement, l’autre critique de celui-ci.

1er janvier  VENEZUELA  La Banque centrale du Venezuela (BCV) a révélé, après un silence de près d’un mois, le taux d’inflation du mois de novembre – jusqu’ici gardé comme un secret d’État – et le chiffre annuel pour 2013. Selon leurs mesures, les prix ont augmenté de 56,2% depuis janvier dans le pays (seulement 4,8% en novembre). Ces chiffres représentent le taux d’inflation le plus élevé de l’hémisphère occidental et le plus grand au Venezuela depuis 1996. Cela pourrait être interprété comme un échec de la gestion économique du gouvernement révolutionnaire, une perception que le président Nicolas Maduro s’est empressée de réfuter devant la presse internationale. « C’est le montant de l’économie parasitaire, spéculative. Sans la spéculation, que nous commençons à peine à combattre en novembre, nous aurions une inflation d’un seul chiffre« , a-t-il tenu à préciser.

2 janvier  AMERIQUE LATINE – Parce que 70% des eaux usées dans la région va dans les rivières, celles-ci sont parmi les plus polluées du monde. Les trois quarts des matières fécales ou résiduelles des égouts sont rejetées dans les rivières et autres sources d’eau, créant un grave problème de santé publique et d’environnement, selon les experts de la Banque mondiale. Le problème est particulièrement préoccupant pour une région comme l’Amérique latine, où 80% de la population vit dans les villes, et une grande partie installée à proximité de sources contaminées. Il y a aussi des conséquences écologiques graves. L’Amérique latine est l’une des régions les plus riches en biodiversité dans le monde et possède pas moins d’un tiers des sources d’eau douce de la planète.

2 janvier CUBA  Le jour du 55è anniversaire de la Révolution, le président cubain Raúl Castro a averti que la révolution (synonyme de gouvernement à Cuba) fait face à une campagne de subversion politique et idéologique afin de démanteler le système socialiste. Cependant, il est convaincu que malgré le « plus grand défi dans les circonstances actuelles », la révolution sera victorieuse dans cette bataille décisive.

3 janvier  GUATEMALA – Le pays a commencé 2014 avec 24 meurtres dans les premières heures de l’année, 17 d’entre eux par des tirs, selon les informations fournies par l’Institut national des sciences judiciaires, INACIF. La froideur des statistiques ne doit pas occulter l’horreur, ni le niveau de l’insécurité. Au cours de l’année précédente, 6072 personnes sont mortes violemment, soit une moyenne de 16 meurtres par jour. Ce chiffre fait du Guatemala, derrière le Honduras et El Salvador, l’un des pays les plus violents au monde, selon les Nations Unies (ONU). L’organisation mondiale identifie trois raisons à cette situation: « l’augmentation du trafic de drogue, la présence de cartels mexicains en collusion avec les partenaires locaux et l’extrême faiblesse des institutions étatiques« .

3 janvier– VENEZUELA  Quatre anciens maires chavistes, qui lors des dernières élections municipales du 8 décembre ont choisi de concourir pour leur réélection sans le soutien du parti au pouvoir, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) ont été arrêtés et mis à la disposition de la justice après l’élection. Différentes accusations pèsent sur les quatre maires pour des irrégularités administratives et des actes de corruption présumée. Cependant, il apparait que les signes ont surgi après l’événement électoral et que le Ministère public, – soupçonné d’être instrumentalisé par le pouvoir exécutif – serait chargé d’arrêter les dissidents chavistes dans une vague qui a duré du 22 au 28 décembre, ce qui a donné lieu à la perception qu’il s’agit d’une vengeance politique.

José Manuel Mireles

4 janvier – MEXIQUE  Le commandement en chef de l’auto-défense de l’État du Michoacán, José Manuel Mireles [photo], a été victime d’un grave accident. Le chef des commandos de civils armés qui ont déclaré la guerre aux cartels du trafic de drogues, a été blessé lors de l’atterrissage brutal de son avion après un voyage dans une municipalité du Michoacán, situé dans le sud-est du Mexique, l’un des États les plus violents du pays. Le gouvernement du Michoacán a indiqué que Mireles a été transporté à Morelia, capitale de l’État. Il a subi un coup sur le crâne et a également une mâchoire disloquée. Son état de santé est stable. L’avion transportait cinq personnes dont une femme. Le pilote de 37 ans est mort des suites de l’accident.

5 janvier – PEROU  Dans une interview accordé à deux journalistes de la télévision, le président Ollanta Humala a été interrogé sur les déclarations de Mario Vargas Llosa – qui critique la concentration des médias au Pérou –, et a répondu que c’est « une honte que nous avons un groupe qui possède pratiquement les médias de communication. C’est dangereux« . C’est la première fois qu’il prend parti sur la question. Dans une autre déclaration il a suggéré que le Congrès, la chambre unique qui exerce le pouvoir législatif péruvien, discute de la question. Le journal El Comercio, la référence médiatique nationale, a interprété la déclaration du président comme une « menace voilée à la liberté d’expression« , tandis que la chef du Parti populaire chrétien et ancienne candidate à la présidentielle Lourdes Flores Nano, l’a qualifiée de « menace ouverte à la liberté d’expression« .

6 janvier – PEROU – Lors de la troisième assemblée nationale annuelle du Parti Nationaliste du Pérou (PNP), le président Ollanta Humala a demandé que sa femme, Nadine Heredia [photo en une], soit nommée présidente par intérim du parti. L’ensemble de l’assemblée l’a soutenu, mais le rôle politique de l’épouse du président suscite la controverse au Pérou. Quant  au  président lui-même, il a décrit les tâches de sa femme: « Nadine exécute les missions que je donne en tant que président de la République en appuyant activement la promotion des programmes sociaux et la politique sociale. »

6 janvier – BRESIL – Elio Gaspari, journaliste et chroniqueur pour les journaux Folha de S. Paulo et O Globo, a trouvé un fichier audio d’une réunion de deux jours – 7 à 8 Octobre, 1963 –  qui s’était tenue à la résidence présidentielle du président John F. Kennedy. Dans cet enregistrement, le président démocrate discute de la situation au Brésil et au Vietnam et pose des questions à l’ancien ambassadeur américain à Brasilia, Lincoln Gordon, sur une éventuelle intervention : « Voyez-vous venir une situation où nous devrions intervenir militairement nous-même? » Finalement, après le coup d’Etat militaire de 1964, l’intervention militaire des États-Unis n’a pas été nécessaire pour parvenir à la destitution du président brésilien João Goulart.

6 janvier – CUBA – La Commission Cubaine des Droits de l’Homme et de la Réconciliation Nationale, qui n’est pas reconnue et jugée illégale par le pouvoir en place, a dénoncé la répression exercée par celui-ci: les arrestations de dissidents de courte durée se sont multipliées. En 2013, la Commission a enregistré 6 424 interpellations pour motifs politiques contre 2 000 en 2010.

7 janvier – BOLIVIE – Les participants du Dakar, devront faire face non seulement à toutes les difficultés de l’épreuve mais aussi à la menace de fermetures ou de blocages intempestifs sur le parcours de la course par les Indiens des hauts plateaux, qui jusqu’à présent n’ont pas obtenu de dialogue avec le gouvernement bolivien. Le conflit a surgi dans le sillage du Conseil National des Ayllus et Markas de Qullasuyu (CONAMAQ) qui a demandé un rapport au gouvernement sur l’impact environnemental que la course aurait sur les cultures et les terres de leur territoire.

8 janvier – PANAMA – Le président du Panama, Ricardo Martinelli, a affirmé que les travaux d’élargissement du Canal seront menés à terme « quoi qu’il arrive« , alors que l’Autorité du Canal de Panama (ACP) est en conflit avec le consortium international GUPC (Groupe Uni pour le canal), qui menace de suspendre les travaux s’il n’obtient pas une rallonge financière en raison de surcoûts dus à des problèmes géologiques. Le GUPC, dont l’actionnaire majoritaire est l’entreprise espagnole du BTP Sacyr, a menacé de suspendre le chantier dans un délai de 21 jours si l’ACP ne versait pas la somme de 1,6 milliard de dollars (environ 1,2 milliard d’euros).

8 janvier – VENEZUELA – Le double meurtre de l’actrice Monica Spear Mootz (29 ans), Miss Venezuela 2004, et de son mari Thomas Henry Berry, un homme d’affaires britannique, au cours d’un braquage sur une route du Venezuela, pays miné par la criminalité, a suscité une grande émotion et pousse le gouvernement à réagir. La jeune femme, qui avait joué dans des feuilletons télévisés, était très populaire. Leurs assassins « les ont massacrés froidement », a déclaré le président vénézuélien, Nicolas Maduro, en commentant ce double homicide, lors duquel la petite fille du couple, Maya Berry Spear, âgée de 5 ans, a été blessée. Sept personnes ont été arrêtées et interrogées par la police, a indiqué le ministre de l’intérieur, Miguel Rodriguez. Nicolas Maduro a décidé de réunir une centaine de responsables locaux, dont les gouverneurs et les maires des municipalités les plus menacées, pour étudier des mesures d’urgence contre la criminalité.

8 janvier – MEXIQUE – Le Mexique et Cuba travaillent à réorienter leurs relations, qui depuis la fin des années quatre-vingt-dix et le milieu des années 2000 ont subi une forte détérioration diplomatique et qui, au cours des six dernières années, sont restées refroidies. Le ministère des Affaires étrangères du Mexique a annoncé que le président Enrique Peña Nieto se réunira à La Havane avec le président cubain Raul Castro – lors du sommet de la Communauté des États d’Amérique latine (CELAC) qui se fera entre le 28 et le 30 janvier – afin de  » relancer  » leurs relations bilatérales.

8 janvier – CUBA – Le président cubain Fidel Castro (87 ans), qui reste à l’écart de la vie publique depuis huit ans, est apparu en public pour la première fois depuis avril 2013, quand il avait assisté à l’ouverture d’une école à La Havane. Cette fois-ci, Fidel Castro est apparu pour ouvrir un studio d’art dans la ville. La date coïncide avec le 55e anniversaire de son entrée triomphale dans la capitale en 1959, selon les médias officiels. Vouté et amaigri, le chef de la Révolution est apparu se déplaçant  avec l’aide d’une canne et très affaibli.

9 janvier – CHILI – La société espagnole Abengoa a remporté l’appel d’offres pour construire au Chili une usine de concentration solaire de puissance (CSP) de 110 mégawatts, avec un investissement de 1.000 millions de dollars (736 millions d’euros environ). Ce projet aura une capacité de 17,5 heures de stockage thermique, et deviendra le plus grand projet solaire thermique en Amérique du Sud. Selon la compagnie, l’usine sera située dans le désert d’Atacama au nord du Chili, la région avec la plus forte concentration de rayonnement solaire du monde. Pour sa construction, le ministère chilien de l’énergie fournira une subvention de 20 millions de dollars (près de 15 millions d’euros) facilitera l’utilisation des terres publiques. Abengoa recevra également un financement de la Banque interaméricaine de développement et d’autres fonds.

9 janvier – MEXIQUE – Affaibli après avoir perdu sa bataille contre la réforme de la politique énergétique, la gauche mexicaine doit donner des signaux clairs d’une recombinaison de ses différentes factions pour récupérer des forces pour l’avenir à court et à long terme face au Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) au pouvoir. C’est la voie qu’a choisi l’ancien maire de Mexico, Marcelo Ebrard, selon la lettre qui a été envoyée au Comité politique national de son parti, le Parti de la Révolution Démocratique, PRD. Cette réunification de la gauche mexicaine consisterait, avant tout, à convaincre son ancien chef, Andrés Manuel López Obrador à revenir au PRD. Celui-ci avait quitté le parti en septembre 2012 après avoir perdu les élections de candidat du PRD et avait décidé de transformer son groupe en parti politique, le Mouvement de régénération nationale (Morena).

9 janvier –CHILI – Des dirigeants aymaras, quechua et likan-antay avec le Collège d’Archéologues du Chili et la Fondation Patrimoine Le nôtre, ont présenté un recours de protection contre le Ministre du Sport, Gabriel Ruiz Tagle pour la sauvegarde des sites patrimoniaux touchés par le parcours de la compétition, selon le rapport du Conseil des Monuments Nationaux (CMN). L’action judiciaire a été faite devant la Cour d’Appels de Santiago. Selon le recours, l’étude appelée « Évaluation d’impact sur le Patrimoine Archéologique du Rally Dakar 2013 » du Conseil reconnaît 12 emplacements endommagés. De même, les demandeurs sollicitent que le Rally soit soumis au Système d’Évaluation Environnementale et que soit effectuée une consultation préalable des peuples autochtones affectés par le parcours.

Guy MANSUY